En descendant vers la Forge de Thunimont

15 Octobre 2016

C'est un petit chemin tortu dont les lacets dévalent la pente abrupte de la colline vers la Forge de Thunimont. Pendant longtemps il n'a pas été asphalté mais depuis il est souvent utilisé pour aller de Les Voivres à Harsault. Il faut donc faire attention de ne pas se trouver, au débours d'un tournant en épingles à cheveu, nez à nez avec un autre véhicule.

Il longe la carrière de poudingue qui ne peux plus être exploitée. Il est toujours étonnant de voir comment sur ce sol stérile, sans aucune terre arable ou même l'herbe ne pousse pas, les arbres réussissent à s'implanter. D'abord les bouleaux, un des arbres d'Europe les plus rustiques qu'il soit.

Si tous les végétaux qui réussiront un jour ou l'autre à pousser là vont progressivement permettre à une couche d'humus de se constituer sur laquelle une végétation plus importante va se développer à son tour, les arbres ont un rôle supplémentaire.

Leurs racines vont s’enfoncer dans les fissures de la roche, la faire éclater. Les sucs ou acides qu'elles produisent dans certains cas vont la dissoudre et permettre aux éléments utiles aux plantes d'êtres libérés et mis à la disposition de celles ci.

On le voit la vie sur terre connait toutes les recettes, toutes les solutions qui lui donneront la possibilité de durer et perdurer malgré les extinctions causées par les grands cataclysmes.

Cette vie est à l'échelle géologique. Dans le meilleur des cas les adaptions comme celle de papillons blancs devenu gris ou noirs dans les zones minières d’Angleterre vont prendre une dizaine d’années. Il s’agit là d'espèces qui peuvent évoluer rapidement car chaque génération est très vite remplacée. Il n'en est pas de même quand il s'agit de l'Homme ou des arbres. Là l'évolution peut prendre quelques centaines ou quelques milliers d'années.

Nous ne parlons pas de changements dus par exemple à une meilleure alimentation ou permis par l'accès à la culture qui peuvent amener des enfants de migrants à avoir une taille supérieure de 10 à 20 cm à celle de leurs parents. Ce potentiel est déjà inscrit dans leurs gènes. Les modifications dont nous parlons qui vont permettre une meilleure adaptation, ou résilience à l’environnement mettent en cause des mutations qui se font générations après générations.

L'évolution d'espèces ayant un long cycle de vie, comme les arbres ou l'homme ne pourra donc pas être très rapide.

En attendant, il est étonnant de voir ces bouleaux pousser dans un lieu aussi hostile à toute vie. On remarquera que l'herbe qui a des racines moins grandes n'a pas pu s'implanter mais au début de leur croissance, ces arbres n'avaient pas eux aussi des racines très développées. Cela montre encore une fois la force de vie qui sur une exoplanète donnée, la Terre arrive à coloniser toutes les niches et le fera jusqu'au jour, dans quelques milliards d'années, où le soleil se transformant avant de mourir en géante rouge l'englobera dans sa masse et la brûlera.

Pour le moment, cette nature foisonnante nous laisser admirer, tout à côté de la carrière, une sente forestière que le Petit Peuple emprunte régulièrement pour aller à la Colause.