11 Juin 2021
Les Voivres, c'est un petit village de la Vôge, à 4 kilomètres au nord de Bains-les-Bains, 270 habitants.
A l'origine, il était un hameau de cette ville d'eau. Il n'a obtenu le statut de commune qu'en 1793. Cela peut expliquer la disposition des maisons en semis de constructions lâche. Ici, pas question de village rue, on a construit en fonction de l'exploitation agricole et de sa croissance. Les rues se sont adaptées aux constructions.
Le matériau utilisé est le grès, Vôge oblige ! Nous sommes au pays du gré bigarré.
L'habitation typique est la maison de cultivateur.
En façade, la grande porte cochère ouvre sur le " cherri " sorte de très grand vestibule pavé où l'on rentrait les chars, d'où le nom de " cherri " qu'on lui donne encore ici. Il donne accès à gauche aux écuries, à droite aux pièces d'habitation, au fond à la grange et au grenier à foin. La partie habitation se compose de trois pièces en enfilade :
- au milieu, la cuisine à laquelle on accède par une porte donnant sur le cherri.
- devant, le poêle (que nous appellerons salle de séjour) et dont la fenêtre s'ouvre à côté de la grande porte, dans la façade.
- au fond, la " chambre ", pièce assez sombre qui servait de chambre à coucher aux exploitants.
Dans la grande porte, une petite entrée est aménagée, sorte de porte piétonne, pour éviter l'ouverture (à l'intérieur) des deux battants de bois lors des allées et venues quotidiennes.
A droite, dans le cherri, avant la porte d'accès à la cuisine, se trouvent deux escaliers de pierre : l'un descend à la cave (importante), l'autre monte vers les " chambres-en-haut) deux pièces exigües et encombrées.
Il n'y a plus aux Voivres, qu'une maison présentant tous ces caractères typiques à la fois. Beaucoup ont été modifiées au cours de rénovations. Toutefois, la plupart ont conservé la grande porte cochère ouvrant sur la grange... devenue garage ou même salle de séjour.
La doyenne des maisons du village date de 1 749 comme le précise une petite pierre insérée dans la voûte de la grange. D'après la tradition orale, malheureusement invérifiable, elle aurait été la propriété de Stanislas, duc de Lorraine et de Bar, en qualité de maison de culture. Une chose est certaine : l'écurie, qui a été conservée en l'état, mesure 11 mètres de long, ce qui prouverait une exploitation de grande importance. Sur le linteau gauche de la porte cochère, on peut voir un cercle à l'intérieur duquel s'entrecroisent des lignes courbes teintées de rouge. Est-ce un symbole solaire ? Une rouelle ?
Au centre du village, une jolie maison, habilement rénovée, attire le regard. On y a conservé les pierres apparentes des impostes, au-dessus des portes ainsi que le banc de pierre massif, d'un côté de la porte et la " montée de cave " de l'autre côté. La " montée de cave " c'est une sorte de table de pierre posée sur de murets protégeant l'escalier qui descend à la cave. Les caves sont vastes et sombres, car on y conservait surtout des pommes de terre.
Une autre maison a conservé le " pigeonnier " : deux petites ouvertures, arrondies dans leur partie supérieure, au bas de sculpture rappelant les Tables de la Loi de Moïse, et au-dessus d'une poutre en pierre massive. Le tout est placé dans la façade de la maison, au niveau du grenier où les pigeons se réfugiaient après avoir roucoulé sur la poutre !
Une autre encore, possède un œil de bœuf de belles dimensions, entouré d'une double couronne de traits très fins sculptés en creux, sorte de hachures en biais.
Il existait aussi quelques maisons de manoeuvres, munies d'une petite écurie, mais sans " cherri ", l'habitant n'étant pas pourvu de chars. L'une d'elles, joliment rénovée, est devenue un gîte rural à la Grande Fosse, hameau de Les Voivres.