Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
LES VOIVRES 88240

Quand le Val de Vôge a décidé qu'il ne voulait pas mourir

Dans le cimetière de

par les morts muets, par les morts qu'on oublie,

par les morts muets, par les morts qu'on oublie,

Dans le cimetière de

La foule des vivants rit et suit sa folie,
Tantôt pour son plaisir, tantôt pour son tourment ;
Mais par les morts muets, par les morts qu'on oublie,
Moi, rêveur, je me sens regardé fixement.

Ils savent que je suis l'homme des solitudes,
Le promeneur pensif sous les arbres épais,
L'esprit qui trouve, ayant ses douleurs pour études,
Au seuil de tout le trouble, au fond de tout la paix !

Ils savent l'attitude attentive et penchée
Que j'ai parmi les buis, les fosses et les croix ;
Ils m'entendent marcher sur la feuille séchée ;
Ils m'ont vu contempler des ombres dans les bois,

Ils comprennent ma voix sur le monde épanchée,
Mieux que vous, ô vivants bruyants et querelleurs !
Les hymnes de la lyre en mon âme cachée,
Pour vous ce sont des chants, pour eux ce sont des pleurs.

Moi, c'est là que je vis ! — cueillant les roses blanches,
Consolant les tombeaux délaissés trop longtemps,
Je passe et je reviens, je dérange les branches,
Je fais du bruit dans l'herbe, et les morts sont contents.

Là je rêve ! et, rôdant dans le champ léthargique,
Je vois, avec des yeux dans ma pensée ouverts,
Se transformer mon âme en un monde magique,
Miroir mystérieux du visible univers.

Regardant sans les voir de vagues scarabées,
Des rameaux indistincts, des formes, des couleurs,
Là, j'ai dans l'ombre, assis sur des pierres tombées,
Des éblouissements de rayons et de fleurs.

Là, le songe idéal qui remplit ma paupière
Flotte, lumineux voile, entre la terre et nous ;
Là, mes doutes ingrats se fondent en prière ;
Je commence debout et j'achève à genoux.

Comme au creux du rocher vole l'humble colombe,
Cherchant la goutte d'eau qui tombe avant le jour,
Mon esprit altéré, dans l'ombre de la tombe,
Va boire un peu de foi, d'espérance et d'amour !

Mars 1840

In Les rayons et les Ombres

Victot Hugo

Consolant les tombeaux délaissés trop longtemps

Consolant les tombeaux délaissés trop longtemps

Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Dans le cimetière de
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
N
Je ne sais pas ce qui nous vaut ce coup de "spleen" mais, les morts, on ne les oublie pas forcément si facilement. Là encore, l'éloignement en temps et en distance n'aide pas à manifester notre souvenir mais rien n'empêche d'y penser assez fréquemment et, finalement, c'est surtout cela qui compte.<br /> Pour rester cependant dans l'humeur de Bernard, j'y vais aussi d'un poème de la même veine (me semble-t-il), tout en le trouvant un peu "hors saison" en cette période encore estivale.plus traditionnellement tournée vers la joie et la lumière plutôt que l'ombre et la mélancolie.<br /> <br /> « La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse,<br /> Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,<br /> Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.<br /> Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,<br /> Et quand octobre souffle, émondeur des vieux arbres,<br /> Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,<br /> Certes, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,<br /> A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,<br /> Tandis que, dévorés de noires songeries,<br /> Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,<br /> Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,<br /> Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver<br /> Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille<br /> Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.<br /> <br /> Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir,<br /> Calme, dans le fauteuil je la voyais s'asseoir,<br /> Si, par une nuit bleue et froide de décembre,<br /> Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre,<br /> Grave, et venant du fond de son lit éternel<br /> Couver l'enfant grandi de son œil maternel,<br /> Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse,<br /> Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse ? »<br /> (Charles Baudelaire)
Répondre
L
Ces tombes prises en phot sont effectivement beaucoup plus vielle mais l'effet d'abandon était accentué par les fleurs mortes et les mauvaise herbes qui ne sont plus là à la Toussaint
N
Dommage que celle de mes parents (bien sûr trop récente) n'ait pas fait partie des "heureuses" élues pour que je puisse aussi dire :<br /> « Mon esprit altéré, dans l'ombre de la tombe,<br /> Va boire un peu de foi, d'espérance et d'amour ! »<br /> ces trois derniers mots qui, soit-dit au passage, ont été, au regard des réalités, pratiquement rayés de mon vocabulaire.
L
J'ai été d'abord attiré par des nuages noirs au dessus du cimetière et j'ai été attiré par ces vielles tombes.