8 Janvier 2016
Alors que Sylvia von Kaenel photographiait le paysage noyé dans le brouillard autour de sa maison, j'étais parti dans le même but à la Colause. Je craignais un peu d'avoir des photos trop sombres. En fait ce ne fut pas le cas pour la plupart. Il y avait même un avantage par rapport à une journée ensoleillée. Les cimes des arbres n'étaient pas surexposées et ne contrastaient pas avec une base trop sombre comme cela arrive souvent.
Tout donnait l'impression que la luminosité exceptionnelle que nous connaissons depuis l'automne agissait à travers le brouillard.
Tout à coup celui-ci se dissipa et de nouveau le ciel bleu, le grand ciel bleu, un ciel de plein été, d'îles grecques, ou d'atoll polynésien.
Premier janvier sur le calendrier mais dans la réalité, les yeux, les bêtes et la végétation sont trompés.
Cette douceur du mois de décembre fut on ne peut plus agréable, à part pour les amateurs de sports d'hiver mais le manque d'eau devient inquiétant. Le Coney est très bas. Si des pluies conséquentes ne viennent pas remplir les sources avant le printemps, on peut craindre le pire.
Automne
Jules Breton
A Jules Dupré.
La rivière s’écoule avec lenteur. Ses eaux
Murmurent, près du bord, aux souches des vieux aulnes
Qui se teignent de sang ; de hauts peupliers jaunes
Sèment leurs feuilles d’or parmi les blonds roseaux.
Le vent léger, qui croise en mobiles réseaux
Ses rides d’argent clair, laisse de sombres zones
Où les arbres, plongeant leurs dômes et leurs cônes,
Tremblent, comme agités par des milliers d’oiseaux.
Par instants se répète un cri grêle de grive,
Et, lancé brusquement des herbes de la rive,
Etincelle un joyau dans l’air limpide et bleu ;
Un chant aigu prolonge une note stridente ;
C’est le martin-pêcheur qui fuit d’une aile ardente
Dans un furtif rayon d’émeraude et de feu.
Courrières, 1875
Jules Breton, Les champs et la mer