27 Octobre 2020
Il y avait à la Grande Fosse, pas très loin de la " petite chapelotte ", une jolie maisonnette habitée par un ménage d'ouvriers, Paul et Marie Baret. Paul était un petit homme maigre... et assez pète-sec, bien que foncièrement honnête. Quand à Marie, d'origine alsacienne, elle était redoutée pour sa langue acérée et sa méchanceté.
A cause d'elle, le ménage était constamment en bisbille avec toute la Grande Fosse, car Paul croyait comme parole d'évangile, tout ce que racontait sa chipie de femme ! Et elle en disait des rosseries ! Personne ne trouvait grâce à ses yeux ! Et cela entrainait évidemment querelles de voisinage et coups fourrés tant et plus.
Un soir excédés par une ... vacherie supplémentaire, deux messieurs du hameau, le Louis et l'Henri, se concertèrent pour donner une leçon aux Baret. C'était l'hiver, il avait neigé, il faisait froid. Voilà nos deux justiciers, à pied d’œuvre autour de la jolie maisonnette, à frapper dans les volets, à crier des gracieusetés en tous genres, enfin, à faire des pieds et des mains pour obliger le ménage à réagir.
Ce qui ne manque pas, évidemment ! La Marie secouait son Paul ! Avec son accent alsacien, voici ce que cela donnait :
"-Bol, Bol ! Fas-y voir ! Corriche les ! Prends la hache ".
Et le Paul de sauter du lit en catastrophe, pour courir à la porte d'entrée et l'ouvrir en ouragan, le tout accompagné de vociférations diverses.
C'étaient bien ce qu'attendaient nos deux lurons !
Sitôt la porte ouverte, chacun d'eux attrapa Paul par un bras pour le tirer dehors. Après quoi, ils bourrèrent de neige le caleçon du bonhomme, puis le firent rentrer chez lui sans ménagement !
Pendant ce temps là, à la fenêtre du haut, la Marie criait :
"-Bol, Bol t'es dessus ? ".
Et le pauvre homme, transi et dégoulinant, (la neige ça fond vite à la chaleur du corps) de répondre, furieux :
"-Ah ouais ! J'suis frais !"