18 Avril 2018
La grisaille a été trop souvent au rendez-vous depuis le début de l'hiver. Nuages, averses et périodes de gadoue se sont succédés . Malgré cela, même si le ciel bas donnait souvent l'impression qu'il allait nous tomber sur la tête, il ne fait jamais aussi mauvais que lorsque l'on regarde le paysage par la fenêtre.
Bien sûr, pour les professions qui travaillent à l'extérieur par tous les temps, ce n'est pas très réjouissant de savoir qu'il va falloir affronter une journée entière à être glacé par la pluie froide et transpercé par le vent.
Mais pour le promeneur ou le jardinier amateur qui ne reste que quelques heures dehors et peut rentrer à la maison dès qu'il en a envie, il y a toujours la possibilité de mettre le nez dehors pour marcher ou poursuivre quelques activités même s'il fait mauvais.
Le bénéfice que l'on en retire au point de vue santé tant morale que physique et bien supérieur aux désagréments ressentis pour avoir les mains gelées et ses habits mouillés.
Souvent même le soleil finit par se montrer comme pour donner tort à une prévision météo trop prudente.
C'est alors l'occasion de voir les jeux de lumières qu'il crée avec les derniers nuages menaçants ou à travers les branches des arbres à l'instant où il se couche.
C'est le moment d’apprécier une fois de plus la chance qu'il y a de pouvoir admirer cette nature si changeante au fil des saisons et du temps qu'il fait. Souvent nous avons tellement l'habitude de voir tous les jours ce paysage que nous ne nous rendons même plus compte de sa beauté et voulons toujours le comparer à d'autres endroits plus connus.
Malheureusement cette beauté est tout aussi fragile que celle de la forêt équatoriale ou des massifs coralliens et sa banalité même, l'habitude que nous avons de la côtoyer tous les jours nous empêchent de voir qu'elle souffre et que nous ne faisons rien pour la préserver. Jusqu'à ces dernières années il aurait paru inconcevable d'envisager la Vôge et tout le département sans arbres que ce soit dans les forêts et dans les campagnes où partout il y avait des haies des bosquets, des arbres fruitiers isolés ou en vergers.
Maintenant il est de plus en fréquent de voir des surfaces de plusieurs hectares uniquement réservées aux cultures sans même un cerisier ou un chêne au milieu. Si la surface consacrée aux forêts ne se réduit pas dans le département par contre leur état de santé est inquiétant. Bientôt les feuilles vont sortir ce qui mettra en évidence le nombre croissant de frênes, hêtres, ormes, épicéas qui, victimes directes du réchauffement climatique meurent sous les attaques des prédateurs, de la maladie ou de la sécheresse.
Les paysages qui nous entourent ont été modelés par l'homme qui maintenant est responsable de leur destruction. Ils sont fragiles et chaque espèce qui les compose l'est davantage car elle a besoin de toutes les autres pour sa survie.
L'homme descend des premiers mammifères qui ont survécu à l'extinction de masse ayant entrainé la fin des dinosaures. Ce n'est pas pour cela qu'il survivra à l'extinction de masse qu'il est en train de mettre en place.
Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.
La mélancolie
Berce de doux chants
Mon cœur qui s'oublie
Aux soleils couchants.
Et d'étranges rêves,
Comme des soleils
Couchants, sur les grèves,
Fantômes vermeils,
Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
A de grands soleils
Couchants sur les grèves.
Paul Verlaine