28 Février 2017
Il est tombé la veille des giboulées de neige et de grêle. A dix heures du matin des plaques de glaces recouvrent encore l'entrée du cimetière. Sur la plupart des tombes le soleil a déjà presque tout fait fondre. Souvent il ne reste que les Christ crucifiés pour être encore chargés de verglas et de grésil. Principalement sur les épaules. Comme si les souffrance d'un tel supplice n'étaient pas suffisantes et qu'il faille encore ajouter le froid, le gel à celles-ci.
Cela n'est pas sans évoquer les sans-abris qu'un des pays les plus riches du monde ne peut ou ne veut loger décemment. Ce pays c'est le notre bien entendu car si nous n'avons de cesse de pleurer la misère, de nous plaindre et nous lamenter sur les fins de mois difficiles, nous faisons quand même partie de ces nations dont le Revenu National Brut moyen par habitant est le plus élevé puisqu'il dépasse 35 000 dollars (sources OCDE)
C'est des moyennes me direz-vous. Vous êtes loin de bénéficier, votre petite famille et vous, de tels revenus. Bien sûr que c'est une moyenne, tout comme les 640 dollars de RNB par habitants au Burkina Faso ou les 260 du Burundi sont aussi une moyenne, n'en déplaisent à ceux qui pensent qu'en France çà ne peut pas être pire que maintenant.
Pour que ce pire n'arrive pas, certains du côté de la Russie, on fait en 1917, la révolution. D'autre en Allemagne, on voté pour Hitler quelques années plus tard. Moins de 10 ans après, lors du terrible hiver 1942-43, les soldats russes prisonniers partaient vers les camps de concentration et d'extermination en Pologne, sur des wagons plate-forme. Pour se protéger du froid, ils entassaient à l'avant, en un dérisoire rempart, leurs camarades morts.
Au même moment, les prisonniers allemands partaient en colonnes interminables vers la Sibérie où plus de la moitié d'entre eux trouvèrent la mort, frères dans la misère, le froid et la mort avec leurs ennemis soviétiques.
Ça ne pouvaient pas être pire. Hé bien si. Pour beaucoup, çà a été pire.
Le Calvaire
À Raoul Gineste
De la lande attristée vers le ciel d’or glorieux
Monte la vieille Croix de pierre
Aux héroïques bras, jamais lassés
De leur geste large ouvert, et sur qui les averses
Ont mis l’offrande des mousses.
Et tous à genoux sur l’herbe rare
Courbant leurs pesantes échines, –
Comme font les boeufs au labour, –
Ils prient et ils pleurent les admirables Humbles,
Les enviables Humbles;
Ils pleurent sans rancune, ils prient sans colère,
A genoux sur l’herbe rare
De la lande attristée – vers le ciel d’or glorieux.
Voici nos douleurs, ô Christ
Qui aime la douleur;
Bois nos larmes, Dieu
Qui te plait aux larmes!
Voici nos misères
Et voici nos deuils
Et l’opaque fumée de notre malice
Qui monte vers Ta Face, ainsi
Que la fumée des entrailles sanglantes
D’un bouc égorgé pour le sacrifice.
Et le crépuscule monte de la terre –
Comme une vapeur d’encens
Monte de l’encensoir –
Une miraculeuse Paix efface l’horizon
Et s’épand ainsi qu’une fraîche pluie
Sur l’aride cœur qui souffre.
Et, dans l’ombre commençante
La vieille Croix agrandie
Semble unir le sol au zénith –
Comme un Pont jeté
Sur les éthéréennes ondes –
Comme un sublime et symbolique Pont, menant
De la lande attristée – vers le ciel d’or glorieux.
Marie Krysinska, Rythmes pittoresques