Quand le Val de Vôge a décidé qu'il ne voulait pas mourir
18 Août 2016
- Tu sais... quand on est tellement triste on aime les couchers de soleil..
Ah! petit prince, j'ai compris, peu à peu, ainsi, ta petite vie mélancolique. Tu n'avais eu longtemps pour distraction que la douceur des couchers de soleil. J'ai appris ce détail nouveau, le quatrième jour au matin, quand tu m'as dit :
- J'aime bien les couchers de soleil.
Allons voir un coucher de soleil...
- Mais il faut attendre...
- Attendre quoi ?
- Attendre que le soleil se couche.
Tu as eu l'air très surpris d'abord, et puis tu as ri de toi-même. Et tu m'as dit :
- Je me crois toujours chez moi !
En effet. Quand il est midi aux États-Unis, le soleil, tout le monde le sait, se couche sur la France. Il suffirait de pouvoir aller en France en une minute pour assister au coucher de soleil. Malheureusement la France est bien trop éloignée. Mais, sur ta si petite planète, il te suffisait de tirer ta chaise de quelques pas. Et tu regardais le crépuscule chaque fois que tu le désirais...
Un jour, j'ai vu le soleil se coucher quarante-trois fois !
Et un peu plus tard tu ajoutais :
- Tu sais... quand on est tellement triste on aime les couchers de soleil...
- Le jour des quarante-trois fois tu étais donc tellement triste ? Mais le petit prince ne répondit pas.
Antoine de Saint-Exupéry in Le Petit Prince.
En fin de compte un lever de soleil, c'est un coucher de soleil à l'envers sur la planète du Petit Prince.
Ou pour quelqu'un d'autre que vous, à un autre endroit.
Pourquoi faut-il toujours mettre un nom à chaque chose, une étiquette à chacun ?
La seule chose qui compte c'est la tristesse du Petit Prince trop seul sur sa planète.
Ce n'est pas en mettant un nom à chaque chose, une étiquette à chacun que l'on peut se faire des amis, que l'on peut rendre heureux ceux que l'on aime, que l'on peut aimer ceux que l'on croise.
Toute notre vie, par peur, par bêtise, par ignorance, nous allons cataloguer, étiqueter, juger, avec comme seul résultat de ne pas savoir comment se faire des amis.
Et de trembler dans notre carapace d'incompréhension, de préjugés et de cerveaux lavés.
En n'acceptant pas la différence, nous faisons le jeu de ceux qui nous gouvernent et peuvent ainsi taire les vrais problèmes.
Quelle société à part la notre peut être assez aveugle, assez folle, assez orgueilleuse, pour inventer un système scolaire ou 20% des enfants en sortent en situation d'échec. Il y a cent ans, la poste aux armées croulait sous le poids de millions de lettres envoyées par tous les soldats au front.
Parmi ceux-ci beaucoup arrivaient à l'école sans vraiment savoir le français, ils la quittaient au moment des gros travaux des champs et souvent dès 10 ou 11 ans. Les Petits Princes d'aujourd'hui, leurs professeurs ne sont pas plus sots, pas moins travailleurs ou motivés. Nous sommes tout simplement en face d'un système qui juge bon d'écarter par ce moyen toute une partie des forces vives de la nation.
Ensuite on classera en catégorie sénior un chômeur de plus de 45 ans, on appliquera le délit de faciès pour un curriculum vitae tout en étant heureusement trop hypocrite pour exiger comme les nazis trois générations de purs aryens afin de prouver que l'on est un bon citoyen.
Le pays des droits de l'Homme se sent encore obligé de justifier par de nouvelles lois l'égalité de la femme pour n'avoir pas voulu à ce jour faire respecter cette évidence et l'intégrer à notre culture. Le pays des droits de l'Homme admet sans sourciller ou plutôt étouffe, l'assassinat par leurs conjoints d'une femme tous les deux jours, de deux enfants tous les jours par leurs parents, le harcèlement de 10 % de ceux-ci au cours de leur scolarité.
Ces discriminations, , ces tortures, ces meurtres, sont pratiquement inconnus dans les pays scandinaves. Bien sûr il n'ont pas la grande tradition du pater familias, du preux défenseur de la patrie, de la veuve et de l'orphelin. Bien sûr ce ne sont que des descendants de vikings trop frustres pour avoir baigné dans l'esprit de notre grande civilisation qui a éclairé toutes les nations.
Mais sans doute ne mettent ils pas un nom à chaque chose, une étiquette à chacun ?
Sans doute pensent ils que la différence est une richesse ?
Au Pays du Soleil de Minuit un coucher de soleil peut être aussi un lever de soleil.
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