Comment expliquez-vous ce gel des dotations ?
Je ne me l’explique pas. C’est une mesure inqualifiable. Ou plutôt si : quand on renie ses engagements, cela porte un nom : le parjure. L’État commet un parjure. Je suis maire depuis 1989, je n’ai jamais vu ça. On nous dit : vos dotations baisseront en 2018. On ne saute pas de joie. Mais on nous promet de la concertation et que rien ne bougera avant. Ce n’est pas tout à fait ce qui se passe. Nous n’avons aucune nouvelle, nous sommes dans l’expectative.
Concrètement, quelles sont les conséquences ?
À titre d’exemple, je peux citer le dossier en cours dans ma commune. Mais il y aura plein d’autres cas aussi délicats qui vont apparaître. Il y a face à cette mesure incroyable une totale solidarité des maires.
Dans votre commune, quel type de projet risque de pâtir du gel des dotations ?
Dans notre commune de 330 habitants, nous avons un café-restaurant municipal qui marche bien, mais qui nécessite des travaux d’agrandissement et de mise aux normes (imposées par l’État !) pour un montant de 80 000 €. Dans le cadre du contrat de ruralité, j’avais un engagement de l’État, confirmé personnellement par le préfet, à hauteur de 20 000 €. Fort de cet accord, j’avais lancé les appels d’offres, les entreprises ont été choisies, les travaux doivent commencer en septembre. Je fais comment maintenant ?
Et le recours aux emplois aidés suspendu, comment réagissez-vous ?
Le Président nous dit que rien ne se fera sans concertation. C’est de la concertation de les arrêter brutalement ? L’État aurait pu nous dire : on vous laisse un an pour vous retourner, et on en discute.
Partagez-vous l’avis des maires qui protestent contre la suppression de la taxe d’habitation ?