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LES VOIVRES 88240

Quand le Val de Vôge a décidé qu'il ne voulait pas mourir

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Tous au jardin

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C'était trop tentant. Ce grand soleil me narguait tous les jours chaque fois que je mettais le nez dehors et que je regardais mon jardin en friche. Jusque maintenant j'étais dans l’impossibilité de travailler la terre. Secrètement je me disais que vers le 15 avril je pourrais tenter un essai. Mais c'était trop dur d'attendre.

Heureusement des bâches de paillage avaient été mise en place en hiver sur les planches que je désirais cultiver : salades, haricots, pommes de terre, courgettes. En ce qui concerne les pommes de terre, c'est tombé à l'eau.

Mais je rêvais quand même de faire un semis de ce que nous appelons dans la famille, la salade de la Berthe. C'est une variété rustique qui se transmettait au fil des ans dans la famille de mon beau-frère en Haute-Marne. Elle se sème au printemps et dés la fin août.  Comme elle n'existe pas sur le marché, il faut laisser des pieds porteurs de graines pour avoir de la semence. Elle est très résistante au gel, entre -5° quand elle est adulte et jusque - 10° au stade semis. Quand des feuilles sont touchées par le froid, souvent elles sèchent et elle repart par le cœur. Un hiver aussi doux que cette année les pieds survivants auraient redémarrés dès les premiers beaux jours. Si elle résiste bien au froid, elle ne supporte pas la chaleur et monte en graine.

Mais à ce moment, la salade d'été a pris la relève.

Auparavant il n'y avait pas de congélateur, pas de supermarchés pour vous proposez des primeurs toute l'année. Mais des générations de paysans patients et connaissant bien la nature avaient répertoriés et sélectionnés un grand nombre de plantes et d'arbres plus ou moins précoces ou tardifs qui leurs permettaient de répartir les récoltes une grande partie de l'année.

C'était pour la salade, les fameux pissenlits, suivis par le cresson de source et cette fameuse salade de la Berthe. A l'automne les chicons d'endives étaient plantés en cave où l'on entreposait aussi les scaroles à côté du stock de pommes de terre et de carottes.

De nombreuses variétés permettaient d'échelonner la récolte des arbres fruitiers. Je me souviens de notre voisin, Peutot Marcel, qui tous les matins allait jusqu'au mois d'août, cueillir des cerises pour faire des beignets. C'était un des plats principal de la famille et régulièrement quand nous passions, la grand-mère Denise nous en donnait chacun un, tout chaud et recouvert d'une bonne couche de sucre qui crissait sous la dent. Ils étaient bien meilleurs que ceux préparés à la maison.

Au mois d'août, les premières pommes de moisson prenait la relève bientôt suivies par d'autres variétés qui arrivaient à maturité tout l'automne. Même après les premières gelées assez fortes du mois de novembre, il restait sur les arbres quelques rainettes à la chair orangée sucrées comme du miel.

Dans le cellier étaient entreposées des pommes pour plusieurs mois. Là encore la consommation de chaque variété était déterminée par sa durée de conservation. Les fameuses Saint Georges se gardaient jusqu'au mois de juin. Dures comme de la pierre à la récolte, elles n'étaient mangeables que longtemps après. Les arbres qui les portaient étaient très vieux, au moins centenaires, et ils n'ont pas été remplacés.

Mon père a fréquenté plusieurs années l'école de Gremifontaine. Chaque jour il passait à côté de la cidrerie installée au bord du ruisseau Guiot. Son nom étant déformé, celui-ci était appelé ruisseau Diot ( homme malhabile) dans le voisinage. Au printemps il prélevait des jeunes pousses de pommiers qui avaient germées dans le marc jeté dehors. Il avait ainsi repiqué plus de cent arbres et les avait greffés de nombreuses variétés différentes.

Les poires aussi offraient la possibilité de se garder plus ou moins longtemps. Si il y avait peu de Williams, certaines pouvaient se manger de suite. D'autres dures comme du bois étaient destinées à être cuites dans du vin sucré. Il y avait enfin celles, toutes petites, qui étaient conservées en bouteille.

On le voit, pendant des générations nos ancêtres avaient fait des sélections pour pallier le manque de nourriture en hiver à une époque où les congélateurs n'existaient pas et où il fallait être autosuffisant.

Depuis le confinement, les grandes surfaces veulent acheter d'avantage de produits français. Si il peut résulter une seule bonne chose de ce putain de coronavirus ce sera peut-être, il faut le souhaiter, de nous faire plus apprécier la richesse de nos produits du terroir.

La cidrerie se trouvait sous le pouce du géomètre. Le ruisseau fait la frontière entre La Chapelle aux Bois et Les Voivres.

La cidrerie se trouvait sous le pouce du géomètre. Le ruisseau fait la frontière entre La Chapelle aux Bois et Les Voivres.

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G
Chez moi la salade de la Berthe est bien levée<br /> Je me souviens que lorsque je venais en vacances au mois d'Aout, la grand mère nous parlait toujours de son pommier de "Transparente de Croncel" dont les pommes mûrissaient en été ; elle en était très fière
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L
J'ai réussi à en semer jeudi. J'ai commencé de l'arroser. J'espère bien pouvoir en manger bientôt.