Quand le Val de Vôge a décidé qu'il ne voulait pas mourir
30 Avril 2020
Quelques averses sont tombées sur les terres assoiffées. Elles seront bien insuffisantes pour assurer un redémarrage de la végétation et faire reverdir les fourrages. Pour ceux qui ont déjà commencé à épier au lieu de faire des feuilles parce qu'ils souffrent trop, la seule solution sera de les faucher en espérant que la deuxième coupe poussera mieux. Certains ont déjà démarré les ensilages dés la semaine dernière. Avant les anciens disaient :
"-C'est le mois de juin qui fait le foin."
Maintenant les éleveurs préfèrent récolter tôt et avoir une meilleure qualité au lieu de remplir les hangars avec du foin trop mûr.
Une fauche tardive permettait à d'autres plantes de pousser sous le couvert des grandes graminées qui atteignaient souvent 1,2 mètre de haut : fléole, fétuque, ray-grass. Celles-là permettaient presque de doubler le volume du fourrage. Souvent la faucheuse avait bien du mal à couper cette végétation et il fallait qu'un aide suive pour la tirer avec un râteau quand la lame engorgeait. Il y avait aussi régulièrement des fourmilières et des taupinières qui faisaient obstacle.
Tout le travail se faisait au milieu d'un essaim d'insectes de toutes sortes qui étaient chassés au fur et à mesure que le foin était coupé. Des sauterelles faisaient des bonds énormes, des criquets s'envolaient et une multitude de papillons tourbillonnaient autour de nous. En quelques années tous sont devenus de plus en plus rares. C'est sans doute une conséquence de l'abandon progressif des prairies naturelles au profit de plantes cultivées, du changement de mode de culture, les coupes rapprochées pratiquées maintenant ne permettant pas aux populations de se multiplier et des produits phytosanitaires utilisés.
Quelques averses sont tombées. Cela m'a permis de préparer dans le jardin la terre pour les prochains semis de haricots et de salades. Sans cela il aurait fallu arroser pour travailler le sol. Reprenons en chœur "Il pleut, il pleut, bergère" Cette chanson est tirée de l'opéra-comique Laure et Pétrarque écrit en 1780 par Fabre d’Églantine. A l'époque il ne pensait pas à faire la révolution et Marie-Antoinette jouait à la bergère au Petit-Trianon.
9 ans plus tard, en 1789 cet air aurait été chanté au lendemain de la prise de la Bastille. La bergère serait bien entendu la reine Marie-Antoinette et l'orage dont il est question dès la première strophe renverrait aux troubles révolutionnaires. Son auteur l'aurait fredonné quelques années plus tard en montant à l'échafaud.
Qui aurait pu penser qu'un jour le poète François Fabre d'Églantine deviendrait un des artisans les plus ardents et les plus sanguinaires de la révolution française, ce qui lui valu de finir sur l'échafaud. Mais personne ne pouvait non plus deviner dans le peintre autrichien raté, Adolf Hitler, le futur dictateur du III e Reich ou Staline sous l'habit du jeune séminariste Joseph Dougachvili ?
A quel instant un homme disons " normal " va basculer dans l'horreur et à partir du moment où il a le pouvoir prendre des décisions qui entraineront la mort de milliers ou de millions de citoyens sous le prétexte que c'est pour le bien de la nation et du peuple ?
Actuellement le Canard Enchaîné et Médiapart demandent qu'une commission enquête sur le tri qui aurait été opéré dans les services de réanimation au détriment des personnes âgées. Pour le moment qu'un tel tri ait eu lieu ou non, le manque de moyens dans les hôpitaux et les Ehpad du aux restrictions budgéraires aura causé la morts de milliers de malades âgés.
Il pleut, il pleut bergère
Rentre tes blancs moutons
Allons sous ma chaumière
Bergère, vite allons
J'entends sous le feuillage
L'eau qui tombe à grand bruit.
Voici, venir l'orage,
Voici l'éclair qui luit.
Entends-tu le tonnerre ?
Il roule en approchant.
Prends un abri bergère,
A ma droite en marchant.
Je vois notre cabane.
Et tiens voici venir
Ma mère et ma sœur Anne
Qui vont l'étable ouvrir.
Bonsoir, bonsoir ma mère
Ma sœur Anne bonsoir
J'amène ma bergère
Près de nous pour ce soir
Va te sécher, ma mie
Auprès de nos tisons
Sœur, fais lui compagnie
Entrez petits moutons.
Soignons bien, oh ma mère,
Son tant joli troupeau
Donnez plus de litière
A son petit agneau
C'est fait allons près d'elle
Eh bien donc te voilà
En corset qu'elle est belle
Ma mère voyez là.
Soupons, prends cette chaise
Tu seras près de moi
Ce flambeau de mélèze
Brûlera devant toi
Goûte de ce laitage
Mais tu ne manges pas ?
Tu te sens de l'orage,
Il a lassé tes pas.
Eh bien voilà ta couche,
Dors-y bien jusqu'au jour,
Laisse moi sur ta bouche
Prendre un baiser d'amour
Ne rougis pas bergère,
Ma mère et moi demain,
Nous irons chez ton père
Lui demander ta main.