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LES VOIVRES 88240

Quand le Val de Vôge a décidé qu'il ne voulait pas mourir

Ensilage en catastrophe

Douées de mémoire, capables de prendre des décisions et même d'apprendre : les plantes démontrent des capacités cognitives aussi exceptionnelles que celles des animaux. Une surprise qui s'en double d'une autre : leur intelligence se passe de cerveau parce qu'elles sont tout entières leur propre cerveau. Si elles pensent, c'est donc d'une façon radicalement différente de la nôtre

Douées de mémoire, capables de prendre des décisions et même d'apprendre : les plantes démontrent des capacités cognitives aussi exceptionnelles que celles des animaux. Une surprise qui s'en double d'une autre : leur intelligence se passe de cerveau parce qu'elles sont tout entières leur propre cerveau. Si elles pensent, c'est donc d'une façon radicalement différente de la nôtre

Cette année encore dans la région, les maïs pour la plupart n’atteindront pas leur maturité. Même si par rapport  à la plaine des Vosges ou à d'autres département ils tirent encore leur épingle du jeu, la récolte sera de mauvaise qualité en moyenne.

Bien sûr ils ont atteint une taille normale. On peut même se demander comment ils ont pu réussir à croître malgré les deux canicules qu'ils ont subies.

Les premières semaines d'août, quelques averses orageuses leur ont redonné un peu de tonus. Les feuilles qui s'enroulaient en cornet ont respiré de nouveau. Ils avaient perdu cette triste teinte grisâtre qui signaient leur dépérissement. La fécondation avait pu se faire dans des conditions correctes et les épis sans être énormes semblaient prometteurs.

Las, ce ne fut qu'un sursis car de nouveau la sécheresse s'est fait sentir une fois les quelques millimètres d'eau tombés évaporés ou absorbés par la végétation. Alors qu'au stade optimum le grain pour faire un bon ensilage doit être difficilement rayable à l'ongle, sauf exception les plus avancés en sont seulement au stade légèrement pâteux, le plus souvent laiteux. Les derniers semés quant à eux ne présentent que des grains encore vides.

Pourtant les ensileuses commencent à récolter une matière qui n'aura souvent comme seul intérêt que de remplir la panse des vaches et de permettre une complémentation en minéraux et protéines.

Sans être spécialiste, c'est là un moyen coûteux pour tenir une fonction qui pourrait très bien être faite par du foin de mauvaise qualité ou de la paille.

Mais nous laisserons justement aux spécialistes et aux experts comptables le soin de trancher.

Par contre ces champs de maïs qui depuis le mois de juin, végètent, se pâment et souffrent nous amènent à poser une question.

En 1537 le défenseur des indiens Las Casas, dans son traité le « De Unico Modo » l'enrichit de la bulle du pape Paul III « Sublimis Deus » proclamant l’humanité des Indiens et leur aptitude à recevoir la foi chrétienne. « Considérant que les Indiens, étant de véritables hommes sont aptes à recevoir la foi chrétienne, ...», il entend par là que les indiens ont une âme et qu'ils doivent être traités comme des êtres humains.

Plus tard, les autorités de l’Église devront reconnaître que les noirs remplaçant dans l'esclavage les Indiens exterminés par les conquistadors avaient eux aussi une âme. Ensuite petit à petit l'esclavage fut interdit en droit, pas forcément en fait*, dans la plupart des pays du monde. La France qui avait, parmi les premiers, votés cette loi en 1794 pendant la révolution a par contre vite fait machine arrière et il faudra attendre le xx ème siècle pour que l'abolition soit appliquée dans toutes les colonies.

Maintenant on s'accorde à dire que les animaux, on entend par là le plus souvent des animaux domestiques mêmes si certaines espèces sauvages sont protégées, doivent être bien traités. Des lois ont été mises en place pour punir ceux qui les maltraitent. Pour certains ces lois ne vont pas assez loin. Mais il y aura toujours des extrémistes. Au risque d'énoncer des énormités qu'appelle-t-on au juste la souffrance animale ? Dans la nature elle existe aussi. Il parait qu'il n'y a pas de fin plus terrible que celle d'un vieux bison mâle quand en arrière-garde du troupeau il est attaqué par les loups.

Si par malheur il réussit à s'adosser à un rocher pour se protéger des attaques par derrière, son agonie pourra se poursuivre pendant des jours où il sera littéralement dévoré vivant tout en continuant à se battre.

Tout cela est à mettre en relation avec les souffrances, réelles aussi, d'un bœuf transporté dans une bétaillère et tué à l'abattoir.

En fait ce qu'il faut dénoncer c'est déjà la maltraitance , le sadisme qui va pousser le propriétaire d'un animal à le faire souffrir ou à le tuer. Un éleveur n'a aucun intérêt financier à ne pas bien soigner son cheptel même si les conditions d’élevage intensif sont souvent critiquées par des associations. Il est obligé d'assurer à ses bêtes le meilleur confort possible afin de pouvoir dégager de bons revenus.

Mais rêvons un peu. Après avoir reconnu une âme aux Noirs et aux Indiens, après avoir protégé par des lois les animaux, jusqu'où peut on aller ?

Déjà les scientifiques découvrent chaque jour que l'intelligence des animaux est bien supérieure à ce que l'on voulait leur attribuer. Ils commencent maintenant à se pencher sur celle des plantes et ce qu'ils nous révèlent est stupéfiant. Cela va largement au-delà des pouvoirs que l'on attribuait à une personne ayant la main verte.

"Elles sont douées de mémoire, capables de prendre des décisions et même d'apprendre : les plantes démontrent des capacités cognitives aussi exceptionnelles que celles des animaux. Une surprise qui s'en double d'une autre : leur intelligence se passe de cerveau parce qu'elles sont toutes entières leur propre cerveau. Si elles pensent c'est donc d'une façon radicalement différentes de la nôtre."*

Elles peuvent aussi faire preuve d'empathie. Ainsi en période de sécheresse, elles sont capables de se partager équitablement l'eau disponible.

Il est donc possible d'imaginer le scénario suivant. Tout comme dans un de ses romans de science-fiction, Isaac Asimov avait pensé qu'un jour les robots demanderaient à bénéficier des mêmes droits que les humains, ne serait-il pas possible un jour d'attribuer des droits aux plantes ?

A la limite cela existe déjà puisque les semenciers multiplient les brevets pour protéger chacune de leurs obtentions nouvelles.

-" Ce n'est pas la même chose direz-vous ! "

Pour vous, hommes de peu de foi, ce n'est jamais la même chose. Cro Magnon vaincra.

Et bien non ! L'année 2018 et à plus forte raison l'année 2019 amène de plus en plus de personnes à s'émouvoir sur le sort des forêts qui brûlent ou se dessèchent, sur les prairies et les champs de maïs qui périssent sur pied. Ce n'est que le commencement d'un bouleversement dans nos paysages et dans nos habitudes de semer telles ou telles plantes dans nos jardins ou en grande culture. Ne pourrait-il y avoir chez nous comme cela existe déjà en Suisse des lois qui obligent à ne repiquer dans les parcs publics que des espèces résistantes à la sécheresse ? Et en allant plus loin, de la même façon que de plus en plus en plus de départements rendent la culture du maïs impossible en interdisant l'arrosage, des lois n'autorisant plus à mettre en terre des variétés ou des espèces trop gourmandes en eau pourraient être promulguées. A Las Vegas une police des eaux est instituée qui sanctionne tous les abus. Il est fortement conseillé de remplacer sa pelouse par d'autres plantes qui n'ont pas besoin d'arrosage.

On le voit, rien n'interdit de penser que dans quelques années, les restrictions d'eau se greffant sur la reconnaissance d'un statut des plantes on en arrive à légiférer pour que le propriétaire d'un champ ou d'un jardin soit obligé de tout faire pour que celles-ci poussent normalement. Et déjà d'en choisir qui soient bien adaptées au climat, au terrain, à ses compétences et son équipement.

Alors à quand une amende pour la pelouse qui se transforme en paillasson, le géranium qui s'étiole sous la véranda ou le champ de maïs qui meurt faute d'eau ?

*Le plus souvent seule la traite était interdite et sur place on encourageait la reproduction des esclaves.

*In Science & Vie

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