Quand le Val de Vôge a décidé qu'il ne voulait pas mourir
7 Janvier 2019
Étant donné que quelques heures après avoir souhaité les traditionnels vœux de bonheur et de santé pour 2019 à ma mère elle a fait un AVC, étant donné que pour ma part pendant ce temps j'avais ramassé assez de virus et de bactéries diverses pour saturer l'Institut Pasteur, je ne sais si je ne risque pas de jeter une effroyable malédiction en souhaitant personnellement mes vœux aux lecteurs.
Faisons le quand même entre deux quintes de toux, deux appels à l'hôpital ou à la famille pour tenter d'obtenir des nouvelles de la malade et en partager. Faisons le , mais en copiant nos politiques, sans prendre d'engagement ou du moins sans me sentir obligé de les tenir, sans me sentir responsable, ni coupable, si ça tourne mal et si vous êtes déçus, et surtout sans vous autoriser à me faire le moindre reproche.
C'est de bonne guerre.
Malheureusement, d'autres que moi n'ont pas attendu pour ouvrir les hostilités et nous faire craindre le pire. 2019 et les années suivantes risquent fort de ne pas être tout rose pour le Val de Vôge justement parce qu'il n'y a presque plus de carnet rose.
Notre petite région a pourtant de magnifiques paysages mais il faut croire qu'ils n'incitent pas à regarder les feuilles à l'envers car sa démographie est en chute libre. A cela deux raisons majeures, un solde migratoire négatif et un taux de natalité effroyablement bas : guère plus de 6 naissances pour mille habitants, 4 points de moins que l'ensemble du département, moitié que la France. Si les eaux de Bains les Bains sont bonnes pour les artères, elles n'ont pas d'effets positifs sur la fertilité.
On peut donc s'attendre à ce que le jeu de chaise musicale, commencé l'an dernier et orchestré par l'éducation nationale, reprenne dans quelques semaines et que bientôt se pose comme l'an dernier cette question cruciale : quelles écoles vont fermer chez nous à la rentrée prochaine ?
Celle du Clerjus est condamnée. Celle de Fontenoy le Château résistera t-elle à la tourmente ? On peut en douter si l'on en croit les chiffres que nous donnions il y a un an et ceux publiés par Vosges Matin. Cette commune est une de celles qui sont le plus en perte de vitesse.
Quelles solutions apporter pour enrayer cette mort? Elles sont connues. Seule une arrivée importante de migrants peut combler le déficit de population. Malheureusement pas grand chose n'est fait pour inciter des habitants d'un autre département à venir s'installer chez nous. Les Vosges sont un des plus mal lotis en Internet. Pendant trop longtemps, jusqu'en 2014 en fait, les élus n'ont pas considéré ce problème comme vital.
Ce qui est fait est fait et il va falloir attendre encore des années pour que nos communes aient le très haut débit.
"-En attendant le foin, le veau meurt" disait ma grand mère. C'était une sage femme.
En attendant ce foin, il serait au moins nécessaire que chacun se retrousse un peu les manches pour donner l'impression qu'il fait quand même bon vivre chez nous. En inaugurant la salle de cinéma Marie Benoist, Michel Fournier avait annoncé que le Val de Vôge misait sur la culture. Effectivement, une salle de cinéma équipée pour diffuser des films numérisés, une médiathèque tête de réseau à Bains les bains, une à La Haye et une à La Chapelle aux Bois ont été construites, d'autres rénovées, l'investissement était de taille.
Dommage que pendant deux mois cette salle de cinéma soit fermée en raison de travaux. Il ne faudrait pas que cela détourne les cinéphiles vers Épinal. Bien sûr la saison des thermes est finie, les curistes sont partis. C'est le bon moment pour intervenir.
Le Val de Vôge n'est pas comme certaines stations touristiques qui se vident entièrement une fois que les vacanciers et les saisonniers sont partis. Les habitants restent là toute l'année. Toute l'année ils ont besoin de foin et toute l'année ceux qui seraient tentés de s'installer chez nous voudront de l'herbe verte.