Ils sont venus pour les prendre Ils parlaient en allemand
Le 27 août 1944, ce sont plus de 300 hommes qui répondent à l’appel de la BBC « L’Impératrice a des cors aux pieds, je dis 2 fois ». Ils constituent alors le maquis de Grandrupt. Ils viennent des Vosges et du nord de la Haute-Saône avec, en particulier, la trentaine Falcoz qui arrive de Bains-les-Bains, la trentaine Claude de Darney, la trentaine Fischer de Claudon, la trentaine Vaxelaire de Charmois-l’Orgueilleux…
Lu dans Vosges Matin
Maurice Pierrot, à gauche et André Boban
Nullement découragées par la chaleur, plusieurs dizaines de personnes étaient venues au Mémorial du maquis de Grandrupt de Bains afin de faire le circuit permettant de suivre les événement qui se déroulèrent là en septembre 1944. Avant la départ des marcheurs Maurice Pierrot rappelle à l'assistance que cette marche est la neuvième à suivre les pas des maquisards. La première avait été organisée pour répondre aux souhaits de Jocelyne Fäh, fille d'Albert Fäh, l'auteur de "L'Impératrice a des cors aux Pieds"
Il remercie les communes donatrices d'avoir permis l'aménagement de ce circuit très fréquenté commémorant la mémoire des 370 combattants qui ont osé se lever contre l'occupant.
André Boban, à gauche et Francis Didier, maire de Grandrupt de Bains
Après la présentation de Maurice Pierrot, André Boban, le président de l'amicale du Maquis de Grandrupt, prend la parole. Pour comprendre pourquoi autant de résistants vosgiens et leurs voisins haut-saônois ont pris les armes il faut savoir que le mot patriote gardait tout son sens à l'époque.
Déjà en 1792 la mobilisation des volontaires vosgiens pour défendre la république en danger avait permis de constituer 8 bataillons. En 1815 et 1870 les actions des francs tireurs contre les envahisseurs ont été nombreuses. Après la défaite beaucoup de vosgiens sont intervenus pour aider au transfert des alsaciens qui quittaient leurs départements occupés. En 14-18 une partie du conflit se déroula sur le sol des Vosges.
Il existait de puis longtemps un fort attachement patriotique qui se manisfesta pendant l'occupation par la résistance aux Allemands. En septembre 44 ils ont répondu au fameux appel de Londres, "L'impératrice a des cors aux pieds"
Les Vosgiens ont d'ailleurs payé chers leur patriotisme : 376 fusillés 3 762 déportés dont 68 % morts dans les camps 555 internés dont 39 morts dans leur prison 110 maquisards tués au combat 5 600 ouvriers envoyés au STO 1 000 tués sous les bombardements 7 500 immeubles détruits 4 746 requis et PTA (Personnel transféré en Allemagne). Le Préfet lui-même, René Daudonnet, a été arrêté le 15 mai 44 et déporté
Roland Thomas l'un des 3 derniers survivants du maquis de Grandrupt de Bains
Après l’armistice de 1940, Roland Thomas qui est alors garçon boucher essaie de passer en zone libre avec des camarades. Il espère depuis là pouvoir aller en Espagne et rejoindre les Forces Frrançaises Libres mais il est arrêté par une patrouille. Il retourne dans les Vosges. En 1943, il reçoit sa convocation pour le service du travail obligatoire (STO) en Allemagne. Il ne s'est pas présenté et était donc donc réfractaire, hors la loi pour l’État français. Il change d’identité et devient Roland Dubreuil se vieillissant de deux ans. Il rejoint la Résistance au maquis de Grandrupt. Le 7 septembre 1944 il est arrêté avec 219 maquisards. 97 seulement sont revenus. »
Roland Thomas se retrouve à Dachau sous le matricule 114693. Il n’étais pas tatoué, mais pour les nazis, c'était un numéro. Il est ensuite transféré au kommando de Mühldorf, en Bavière, où les conditions de travail sont terribles. Il fallait décharger et monter à la bétonnière des sacs de ciment de 50 kg pendant douze heures d’affilée, deux semaines de nuit, deux semaines de jour et ainsi de suite. Sur le chantier, les déportés n'avaient qu'un bol de soupe le midi ou à minuit.
Après neuf mois de détention, il rentre chez lui au début du mois de mai 1945. Il est passé de 78 à 37 kg. Il a 24 ans.
Maintenant il est de toutes les cérémonies du souvenir au Mémorial du Maquis du Grandrupt. Il regrette aussi que trop peu de personnes y participent.
Il va à la rencontre des scolaires pour leur apporter son témoignage et pour leur dire que la Bête ne meurt jamais, que le temps du Mal Absolu peut toujours revenir et que trop nombreux sont ceux qui l'appellent de leurs voeux au nom d'un patriotisme dévoyè.
Roland Thomas parlant à Jocelyne Fäh
Article de l'Est Républicain édition de Vesoul
AMBIÉVILLERS
Cérémonie au mausolée : un devoir de mémoire
La commémoration du 71e anniversaire du mausolée de la libération d’Ambiévillers a eu lieu en présence de nombreuses personnalités, les associations patriotiques, les porte-drapeaux et le group military véhicule.
Photo HDLe panneau a été dévoilé par le sous-préfet.
Lors du défilé pour se rendre à la stèle, le groupe, accompagné par l’union musicale de Fougerolles, arrêt devant le panneau « Ambbévillers, maquis du Morillon, haut lieu de la résistance 1939-1945 », où le sous-préfet l’a dévoilé. Deux panneaux ont été mis en place par l’association, à chaque entrée du village. La cérémonie fut orchestrée par Michel Bordot, président de l’association. Après le dépôt de gerbes par les autorités et l’appel aux morts, en présence des enfants, Alexandra Caselli a interprété l’hymne américain et la chanson « Quand on a que l’amour ». Michel Bordo a rappelé brièvement ce que fut le maquis du Morillon. 1940, Pierre Tinchant, 37 ans, directeur de la forge à Hennezel, s’engage en résistance sous le pseudonyme de « Roland des bois ». En 1943 il crée le maquis dans le grand bois du Morillon. Malheureusement, infiltré, un traître dénonce le maquis à la Gestapo. Ils seront tous arrêtés le 27 janvier 1944 et furent exécutés le 5 février 1944 (ils avaient entre 22 et 55 ans). L’abbé du village, Ernest Géhant, est arrêté mais libéré faute de preuves, décide d’ériger un monument à leur mémoire. Celui-ci sera inauguré le 22 juin 1947. Pour clore son discours, le président a rappelé : « Nous avons un devoir de mémoire, une obligation à poursuivre le souvenir, nous devons témoigner pour que les soldats qui furent en uniforme ou dans l’ombre, ne tombent pas dans l’abîme de l’oubli. La messe sur place a suivi cette cérémonie ».
720 martyrs de la région Vôge ont leur plaque dans le mémorial.
Poèmes - Ballade de celui qui chanta dans les supplices -
Hommage à Jean-Pierre Thimbaud Fusain de Boris Taslitzky réalisé dans la clandestinité en octobre 1941 | Et s'il était à refaire Je referais ce chemin Une voix monte des fers Et parle des lendemains
On dit que dans sa cellule Deux hommes cette nuit-là Lui murmuraient "Capitule De cette vie es-tu las
Tu peux vivre tu peux vivre Tu peux vivre comme nous Dis le mot qui te délivre Et tu peux vivre à genoux"
Et s'il était à refaire Je referais ce chemin La voix qui monte des fers Parle pour les lendemains
Rien qu'un mot la porte cède S'ouvre et tu sors Rien qu'un mot Le bourreau se dépossède Sésame Finis tes maux
Rien qu'un mot rien qu'un mensonge Pour transformer ton destin Songe songe songe songe A la douceur des matins
Et si c'était à refaire Je referais ce chemin La voix qui monte des fers Parle aux hommes de demain
J'ai tout dit ce qu'on peut dire L'exemple du Roi Henri Un cheval pour mon empire Une messe pour Paris
Rien à faire Alors qu'ils partent Sur lui retombe son sang C'était son unique carte Périsse cet innocent
Et si c'était à refaire Referait-il ce chemin La voix qui monte des fers Dit je le ferai demain
Je meurs et France demeure Mon amour et mon refus O mes amis si je meurs Vous saurez pour quoi ce fut
Ils sont venus pour le prendre Ils parlent en allemand L'un traduit Veux-tu te rendre Il répète calmement
Et si c'était à refaire Je referais ce chemin Sous vos coups chargés de fers Que chantent les lendemains
Il chantait lui sous les balles Des mots sanglant est levé D'une seconde rafale Il a fallu l'achever
Une autre chanson française A ses lèvres est montée Finissant la Marseillaise Pour toute l'humanitéLouis Aragon |