Quand le Val de Vôge a décidé qu'il ne voulait pas mourir
13 Décembre 2017
Nous avions souhaité du beau temps pour effectuer le déménagement. Le soleil a brillé à chaque fois. Comme le souligne Primo Levi dans son récit sur son expérience des camps, l'homme n'est jamais satisfait.
Le prisonnier qui travaille en grelottant sous la pluie glacée donnerait tout au monde pour être un peu à l'abri. Si par miracle les gardiens l'envoient dans un hangar, il va essayer de trouver une cachette pour souffler quelques minutes. Par chance il réussit à échapper à leur vigilance et trouve même une croute de pain rassis dans sa besace. Et tout en la mâchant il rêve de liberté.
Après le beau temps propice au montage et démontage des 3 yourtes, nous avons souhaité un automne flamboyant. Il est arrivé couvrant d'or les Prés Gégoux et le Chemin du Rumigaille.
Nous espérions aussi de la neige sur le site. Elle s'est invitée à deux reprises déjà. Malheureusement qui dit neige, dit hiver. Qui dit hiver dans les Vosges, dit gel ou/et gadoue. Pour le moment et en attendant que le problème soit réglé, c'est surtout la gadoue.
Consciente du problème, Cœur de Yourte a commandé des matériaux pour rendre le sentier praticable. Ensuite il ne manquera plus qu'une bonne dose d'huile de coude.
En attendant que cela se fasse petit à petit, ou plus rapidement suivant l'assiduité et le nombre des bons bras, il est plus prudent de ne pas venir à une animation sous la yourte en escarpins. Il y aurait le risque de les perdre bien avant les 12 coups de minuit. Nous espérons que tous ceux qui auront été séduits par la magie de l'endroit accepteront ces aléas de la vie champêtre et patienteront jusqu'à ce que soient mis en place les aménagements nécessaires.
Viens jusqu'à notre seuil répandre
Ta blanche cendre
Ô neige pacifique et lentement tombée :
Le tilleul du jardin tient ses branches courbées
Et plus ne fuse au ciel la légère calandre.
Ô neige,
Qui réchauffes et qui protèges
Le blé qui lève à peine
Avec la mousse, avec la laine
Que tu répands de plaine en plaine !
Neige silencieuse et doucement amie
Des maisons, au matin dans le calme endormies,
Recouvre notre toit et frôle nos fenêtres
Et soudain par le seuil et la porte pénètre
Avec tes flocons purs et tes dansantes flammes,
Ô neige lumineuse au travers de notre âme,
Neige, qui réchauffes encor nos derniers rêves
Comme du blé qui lève !
Émile Verhaeren