Printemps au Chaudiron

Laurent Cabrol l'écrivain, journaliste et météorologue à Europe 1, se plaisait à le répéter, il n'y a pas 4 saisons : printemps, été, automne, hiver. Ce serait selon lui une invention des poètes et des vendeurs de calendriers. En météorologie, il n'y aurait en fait que deux saisons seulement, l'été et l'hiver, avec une transition qui se fait plus ou moins brutalement selon les années.

Ses propos ont été parfois controversés car il mêlait à ses prévisions des affirmations basées sur son expérience personnelle sans réel fondement scientifique. Malgré tout, il serait tentant de le croire en se basant justement justement sur la météo de ce printemps.

Dimanche matin il a encore gelée à la Basse des Orges. Je sais bien que c'est un fond de vallée ou s'enfilent les vent coulis, mais il n'a pas fait très chaud cette nuit là dans toutes les Vosges.
Voici maintenant les prévisions de Météo des Vallées pour la semaine. La chaleur va s'accentuer dès demain lundi et la semaine promet d'être ensoleillée, chaude, voire très chaude pour le (long) week-end de l'Ascension. L'été arrive au galop.

Pour le moment les effet de températures printanières en dent de scie s'avèrent assez catastrophiques : promesses de fruits, petits et gros, pratiquement anéanties, épis de céréales d'hiver gelé.

Plus surprenant encore les feuilles de certains arbres, arbustes ou plantes sont mortes elles aussi : magnolia, premières pousses de rosiers ou de framboisiers. Les noyers ont également soufferts et ils dressent maintenant leurs branches dénudées comme des squelettes aisément repérables au milieu de la verdure qui les entoure.

Normalement les bourgeons secondaires devraient produire de nouvelles pousses mais cela va entrainer pour l'arbre une dépense importante d'énergie qui risque de l'affaiblir et ne lui permettra pas de résister à une période de canicule ou à un hiver très froid.

Après la maladie qui frappé les frênes, les hêtres d'Europe menacés par le réchauffement climatique, le bostryche qui s'attaque aux épicéas c'est au tour des noyers de souffrir.

L'arbre mort

Je connais, au fond d'une anse
Où sa maigre forme danse,
Un érable mort,
Mort nous raconte une histoire
De s'être penché pour boire
L'eau claire du bord.

A le voir nu comme un marbre,
L'été, parmi d'autres arbres
Verts et vigoureux,
On dirait que la nature
L'a laissé sans sépulture
Pour un crime affreux.

Plus tard quand tombent les feuilles
Quelquefois il les recueille
Au bon gré du vent ;
Supercherie enfantine
Qui lui rend un peu la mine
D'un arbre vivant.

L'hiver est plus équitable :
Comme lui, le misérable,
Ses frères sont nus,
Et l'homme qui passe ignore
Lequel sera chauve encore,
Le printemps venu.

Alphonse BEAUREGARD