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LES VOIVRES 88240

Quand le Val de Vôge a décidé qu'il ne voulait pas mourir

Réunion du comité d'animation de la Transition d'Ici

Annick et Julian

Annick et Julian

La réunion se termine. Evelyne parle des difficultés que rencontrent certains de ses élèves.

Le vote des membres du bureau de la Transition d'Ici n'a pas provoqué de grosses surprises. Julian est toujours trésorier. Annick était d'accord pour être de nouveau présidente à la condition que la direction des réunions soit maintenant collégiale, d'où ce nouveau nom de Comité d'Animation. A tour de rôle chacun des membres du bureau, lancera les invitations, préparera l'ordre du jour et dirigera la séance.

Le programme de la prochaine est fixé. Il faut préparer la Bourse aux Plantes qui se  tiendra le 7 mai. Annick voudrait également étudier la création d'un blog et réfléchir à la dénomination du festival les 8 et 9 juillet. La Transition d'Ici en Fête lui semble un peu long.

Un peu auparavant Patrice nous disait qu'il faut se préparer au changement.

Le plus important des changements doit déjà se faire sur soi. La Transition d'Ici mise sur cet aspect, sur le développement de notre conscience intérieure. Charlotte et Gerlinde étudient la possibilité d'animer des ateliers sur ce thème.

Par contre quand Patrice parlait changement, il pensait en premier lieu aux actions que nous devrions conduire pour préserver notre environnement.

L'Homme est sans aucun doute le seul être vivant qui, à la fois se proclame le plus intelligent, tout en étant capable de dépenser plus d'énergie pour couvrir ses besoins, qu'il ne peut espérer en gagner. C'est pour économiser celle-ci, réduire ses dépenses qu'un loup va au milieu d'un troupeau s'attaquer à un caribou affaibli ou se contenter d'attraper des souris quand il y en a en abondance.

Vous me direz :

"-C'est faux, j'ai travaillé dur. Cela m'a permis d'acquérir une aisance, de garantir ma retraite et de couvrir les besoins de ma famille."

C'est exact. Pourtant ce raisonnement n'est pas valable à l'échelle de l'humanité à partir du moment où pour ce faire nous épuisons les ressources de notre planète. Si le jour du dépassement (il s'agit du jour de l'année où nous avons consommé la totalité des ressources que la Terre peut renouveler en un an ) se situait le 23 décembre en 1970, il est arrivé le 8 aout en 2016, 5 jours plus tôt qu'en 2015. Si les émissions mondiales de CO2 ne diminuent pas, l'humanité aura englouti son « budget écologique » dès le 28 juin en 2030.

Même au niveau individuel cette course visant à amasser toujours plus de biens se révèle encore plus vaine pour beaucoup d'entre nous. On nous berce de l'espoir d'une hypothétique et mirifique croissance pour orienter nos votes et nous faire prendre notre mal en patience en l'attendant. Cette croissance quand elle se produit, comme ce fut le cas les années dernières aux U.S.A., ne profite qu'à 1 % de la population. Plus de millionnaires, plus de milliardaires, mais en quinze ans le nombre de pauvres dans ce pays a augmenté de presque 20 millions de personnes, passant de 31,6 millions en 2000 à plus de 49 millions en 2014. En fait c'est maintenant 80 % de la population qui est juste au-dessus du seuil de pauvreté ou en-dessous. Nous sommes dans un système où les loups n'ont même plus besoin de dépenser la moindre énergie pour se nourrir. Ce sont leurs victimes qui font le travail à leur place.

Il est normal et raisonnable d'être fier d'avoir pu améliorer notre condition. Il serait encore plus raisonnable de laisser à nos enfants la possibilité d'améliorer la leur. Pour cela, il est nécessaire de modifier nos habitudes, notre mode de vie, de ne ne pas dilapider ce qu'ils sont en droit de considérer comme un héritage que chaque génération devrait préserver et léguer intact à la suivante.

Il semble logique aussi de penser que si nous leurs transmettons un certain nombre de richesses, il est de notre devoir de les éduquer de telles façons qu'ils les utilisent au mieux afin de subvenir à leurs besoins et pouvoir répondre à leurs aspirations.

La plus grande des richesses que l'Homme possède c'est lui même. C'est par l'éducation que nous donnons à nos enfants qu'ils auront ou pas la capacité d'utiliser leurs dons.

Encore une fois nous nous retrouvons nez à nez avec ce bon vieux Célestin Freinet, avec l'obligation pour les parents, le corps enseignant, la société entière, de tout miser sur les capacités de nos enfants et de tout faire pour qu'ils apprennent à les utiliser.

C'est la seule solution si nous voulons qu'un jour ils sachent qu'ils sont capables. Ce jour ils pourront alors nous dire :

"-Laissez nous faire, laissez nous essayer, laissez nous vous montrer que l'on peut être autrement."

C'est justement là un risque pour la société, d'appliquer de telles méthodes. Imaginons un enfant éduqué de cette façon, une fois qu'il sera adulte. Il sera dangereux. Il va penser. Il va entreprendre. Il en sera fier. Il saura qu'il est capable de résilience, d'avancer, de s'adapter. Quelles prises le système aura t'il sur lui ?

Aucune. Si la situation, le travail qu'on lui propose ne lui conviennent pas, il cherchera et trouvera autre chose. Il se mettra à son compte s'il le faut pour réussir à créer ce qu'il a envie de faire, exploiter au mieux les capacités qu'il sait posséder, avoir comme première richesse ce qu'il est.

Tout cela fait des Maisons qui Chemine, des Maisondici, des In Bô, des Hêtre Nomade, des maires ruraux qui croient au potentiel de leurs habitants, des villages d'hommes debout et d'irréductibles gaulois. Vous voyez que ces méthodes d'éducation sont hautement subversives. Vous voyez qu'il est plus prudent d'empêcher tout changement, qu'il est plus sûr de prendre les mêmes et de recommencer les mêmes conneries.

 

 

Patrice-Evelyne (en premier plan)
Patrice-Evelyne (en premier plan)

Patrice-Evelyne (en premier plan)

L'anxiété et la tension continue de certains sont à bien peu de chose près une forme incurable de maladie. On nous porte à exagérer l'importance de ce que nous faisons de travail ; et cependant qu'il en est de non fait par nous ! ou que serait-ce si nous étions tombés malades ? Que vigilants nous sommes ! déterminés à ne pas vivre par la foi si nous pouvons l'éviter ; tout le jour sur le qui-vive, le soir nous disons nos prières de mauvaise grâce et nous confions aux éventualités. Ainsi bel et bien sommes nous contraints de vivre, vénérant notre vie, et niant la possibilité de changement. C'est le seul moyen déclarons-nous ; mais il est autant de moyens qu'il se peut tirer de rayons d'un centre. Tout changement est un miracle à contempler ; mais c'est un miracle renouvelé à chaque instant. Confusius disait " Savoir que nous savons ce que nous savons et que nous ne savons pas ce que nous ne savons pas, en cela est le vrai savoir."

In " Je Vivrais seul, dans les Bois "

Henry David Thoreau

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