16 Février 2017
On ne peut pas dire qu'avec la grisaille de ce début février cette portion de bois soit très belle. Nous ne sommes pas encore dans la forêt communale. Ce sont toutes des parcelles privées souvent très petites. La plupart des propriétaires seraient incapables de les situer exactement. Il est même déjà arrivé que certains en voulant couper des arbres se trompent et abattent ceux du voisin. D'une façon générale ces bois sont moins bien valorisés que les forêts gérées par l'O.N.F.
Des pierres entassées par endroits indiquent qu'à un moment donné, il y avaient des cultures dans cette zone. Certainement pas partout car à bien des places les roches se touchent. Des sortes de moraines comme on en trouve aux environs du Pont des Fées. Elles ont sans doute du être mises à nu par les eaux de ruissellement plutôt que par une érosion glaciaire comme dans les Hautes Vosges mais, là aussi, elles sont en abondance.
Entre les endroits trop humides et ceux où il fallait s'éreinter pour ôter chaque année les pierres, on comprend que les candidats pour être colons à Les Voivres ne devaient pas être légions au départ. Il y en eu cependant puisqu'en 1845, soit un peu moins de 250 ans après l'installation des premiers, la commune comptait 895 habitants.
Ils étaient certainement attirés par des impôts plus faibles ou avaient quitté des zones en guerre ou plus pauvres encore que notre région. On trouve toujours plus pauvre que soi et pourtant il y a 100 ans la plupart des Voivrais ne devaient pas nager dans l'opulence. A l'emplacement des serres Thomas René il y avait autrefois un couple installé dans une petite maison. Lui était forgeron, il fabriquait des chaines pour attacher les vaches ou les chevaux aux mangeoires.
Régulièrement ils partaient tous deux à pied pour les vendre, les portant sur les épaules. Ils allaient ainsi fort loin, jusqu'à Poussay même, à l'occasion de la foire. Ils faisaient ainsi la route chargés comme des bêtes de somme, n'ayant sans aucun doute pas les moyens de posséder une carriole et son attelage ou même tout simplement un âne équipé d'un bât comme Gamin, de notre amie Diana.
On peut se demander ce qu'il est advenu de ces personnes qui vivaient seules quand l'âge ou la maladie les empêchèrent de parcourir les routes pour écouler leur production. Peut-être une fin pour l'un comme celle chantée par Brassens dans "Bonhomme" et l'hospice pour le survivant ? Il faut reconnaître que le système de protection sociale dont nous disposons en France est bien utile quand ont le compare à cette époque pas si lointaine où il n'y avait presque rien à part les économies personnelles et quelques caisses de prévoyance. Même maintenant dans de nombreux pays c'est à chacun de se constituer un bas de laine pour ses vieux jours en espérant qu'entre temps le gestionnaire n'est pas parti avec la caisse, façon Madoff.
Sachons donc préserver nos acquis si nous ne voulons pas nous retrouver un jour dépouillés des avantages sociaux pour lesquels nos ainés se sont battus et les voir remplacés par un système tel qu'en prônent certains politiques qui serait régi par la loi du plus fort.
Février
Voici que Février revient, plein de promesses,
Çà et là quelques fleurs s’ouvrent hâtivement ;
Il peut encor neiger, mais le grand froid régresse
Et l’on perçoit déjà des jours l’allongement.
Le printemps apparaît, le rude hiver s’achève ;
Par les champs, par les prés, dévalent les ruisseaux,
Le vieil arbre bourgeonne et se gorge de sève,
Bientôt, dans sa ramée, nicheront les moineaux.
Un soleil radieux inonde la colline,
Au jardin tout prend vie, tout cherche à émouvoir,
Et je sens, sous mes pas, tandis que je chemine,
La terre qui frémit et palpite d’espoir.
Isabelle Callis-Sabot