4 Août 2016
Les Sentiers des Pierres étaient le fil conducteur de cette fameuse visite guidée de l'été. La pierre de grès, celle qui a servi à construire les maisons du village et ses édifices, la carrière des Champs Founés près du centre, le grés dur de la Colause dans lequel on taillait des pavés ou des lauzes puis exploité pour reconstruire la digue de l'étang de Bousey, la carrière de granit de Gandon tout à côté, celle de poudingue des Blanfols, ont donné son nom à ce chemin de randonnée qui fait le tour de la commune.
Il va être intégré aux circuits du département.
La Vierge du Moulin des Voivres que Noël Jean avait posée n'est plus, il ne reste qu'une cicatrice en témoignage. Enlevée également l'ancienne fontaine où les femmes du hameau allaient laver leur linge.
Mais à côté du chêne où était fixé le reposoir, un calvaire et des auges ont été installés, taillés dans le grès, ils rappellent cette époque pas très éloignée où beaucoup de cultivateurs pour compléter les revenus d'une ferme qui ne comptait que quelques hectares, allaient travailler à la Colause ou dans les diverses carrières du village.
Tout le monde savait plus ou moins façonner la pierre qui était employée partout : maisons, auges, canalisations, clôtures.
Un grand oncle, Elie Munier, connaissait encore la technique des égyptiens constructeurs de pyramides. Il fendait des roches en utilisant des coins de chêne bien secs qu'il plaçait aux points de rupture et mouillait régulièrement. Au bout de quelques jours la roche éclatait.
Elle donnait assez de mal quand il fallait la sortir des champs où elle gênait la culture, il fallait bien qu'elle serve à quelque chose.
Du plus ancien site industriel connu, il ne reste presque rien. Quelques pierres en travers du ruisseau, certainement les restes de la retenue qui permettait d'alimenter la roue à eau. Quelques murs en amont, non identifiés, maisons d'ouvriers ou de cultivateurs.
Car cet endroit a été cultivé, du moins certaines zones, en témoignent les murettes de pierres sèches que l'on trouve. en plusieurs endroits.
A une époque où la terre nourrissait souvent mal son homme il est probable que ceux qui travaillaient à la Forge quand elle était en activité et quand la sécheresse n'arrêtait pas la roue à eau, étaient des paysans ouvriers et avaient tous un peu de terre pour aider à faire bouillir la marmite.
Etrange destin que cette Forge Quenot, détruite par les suédois en 1634, à peine était elle construite. Rebâtie, elle fournira un acier réputé jusqu'au jour où elle fut supplantée par la Manufacture de Bains les Bains.
On peut d'ailleurs se demander pourquoi cette entreprise s'était installée là. Il lui fallait de l'eau. Celle ci manquait régulièrement. Il fallait des bons chevaux pour transporter les matériaux pondéreux qu'elle utilisait et fabriquait. Au dire de l'Abbé Olivier, ceux ci étaient rapidement épuisés, les mauvais fourrages de la région ne permettant pas de les nourrir correctement.
Il y avait sans doute le bois à disposition qui avait incité à choisir ce site. Le bois qui a été brulé sous forme de charbon à un point tel que la surface des forêts françaises n'était que de 75.000 km2 au milieu du XIXe siècle pour 155.000 km2 aujourd'hui.
Celui qui la reconstruisit avait en effet cette autorisation. En 1771, un maître de forges, un Suisse, Jean-Jacques Rochet, demanda au chapitre de Remiremont l'autorisation de remonter une forge pour y produire du fer ou de l'acier. Ce droit lui fut accordé avec 80 ares de terre moyennant un cens annuel de 7 francs. Il pouvait de plus acheter le combustible nécessaire dans les forêts avoisinantes.
Le bois à portée de main et des impôts très faibles devaient inciter les colons à s'installer là pour repeupler la région vidée de ses habitants par la Guerre de Trente Ans et la Peste Noire. Ce sont des taxes trop élevées cette fois, sur le minerai venant de Franche Comté, qui ont amené la fermeture des forges de la région au 19 ème siècle.
Dans le cadre du remembrement, la réserve foncière va permettre à la mairie de devenir propriétaire de ces prés entre le Ruisseau des Ecrevisses et le chemin menant à la Forge Quenot. Un projet est en cours pour installer là des maraîchers, serres et pleine terre.
La roue à eau de la ferme Ory actionnait un axe qui traversait la route et la cour pour faire tourner les machines dans le bâtiment principal. Elle produisait aussi son électricité.
Longtemps les principales richesses de Les Voivres ont été l'eau (les moulins ont été installés par les premiers colons), le bois, la pierre et les hommes.
Aujourd'hui plus personne sur la commune n'utilise l'énergie de l'eau ou les pierres de ses carrières.
Il reste le bois. Nous avons vu que les surfaces des forêts sont en augmentation depuis la fin du 19 ème siècle. Contrairement à certaines commune, celles ci n'ont pas été reconstituées avec des résineux à croissance rapide tel l'épicéa, Ce sont principalement des feuillus, hêtres et chênes qui pourront être valorisés en bois d'oeuvre par les entreprises qui vont s'installer dans la Couveuse d'Entreprises.
La première des richesses de Les Voivres est toujours la même. Ce sont les hommes. Ceux qui vivent et travaillent dans la région. Ceux qui arrivent et retroussent leurs manches.
A suivre...