Quand le Val de Vôge a décidé qu'il ne voulait pas mourir
23 Mai 2016
Six hommes et femmes témoignent.
Ils vivent dans des climats que l'on pourraient qualifier d'extrêmes, dans des conditions de vie que nous trouverions certainement très difficiles : Grand Nord, zones semi arides de l'Ethiopie, forêt Amazonienne, hautes altitudes du Népal, zones inondables du Pakistan, iles Kiribati.
Ils vivent là depuis des siècles et se sont adaptés, ont réussi à maîtriser tant bien que mal leurs conditions de vie.
Maintenant pour eux, cette survie même est remise en question. Ces personnes sont toutes menacées par le réchauffement climatique global. Le paradoxe est qu'ils n'en sont en aucune façon responsables car ils produisent très peu de carbone et respectent leur environnement.
Mais c'est dans ces régions que le réchauffement est le plus important de toute la planète.
Presque 10 fois plus dans les montagnes du Népal qu'en Europe. Or notre continent est avec les Etats Unis le plus grand pollueur de la terre.
C'est pourtant eux qui dans les prochaines années risquent de périr dans une catastrophe climatique ou de devenir des réfugiés obligés de quitter leurs pays.
Pêche devenant dangereuse sur une banquise qui se fragilise en fondant.
Inondations catastrophiques en Amazonie ou au Pakistan,
Culture de riz rendue impossible en de nombreux endroits dans ce pays par le sel qui envahit les terres arables.
Risque de rupture de digues des lacs glaciaires gonflées par des fontes trop importantes au Népal.
Montées des eaux de l'océan aux Kiribati qui viennent polluer les sources des atolls servant aux habitants.
Sécheresses meurtrières pour le bétail et les enfants en Ethiopie.
Nous les pollueur que faisons nous pour réagir ?
Rien ou si peu. Même si dans cette salle où toutes les personnes présentes étaient sensibilisées au problème je pense que chacun de nous avait une empreinte carbone bien supérieure à ceux qui témoignaient dans ce film.
Noël de la Transition de Xertigny rappela qu'avec l'énergie fournit par le pétrole nous avions multiplié notre puissance de travail 10 000 fois par rapport à l'homme de la préhistoire.
Mais il affirma aussi que le mythe moderne de l'éternelle croissance pour relancer l'économie n'est qu'un leurre qui enrichira toujours plus certains et précipitera la fin des énergies fossiles tout en amplifiant le réchauffement.
Le réalisateur Gaël Derive reconnait lui aussi que la situation est inquiétante, que ce film qui était une commande de la Cop 21 a pointé les dangers du doigt sans servir finalement à grand chose puisque les décisions prises n'auront aucun effet pour limiter les émissions de carbone.
Il souligne cependant que certains groupes d'élus, certains politiques veulent s'impliquer. Pour lui il y a là un espoir.
Malheureusement même ces actions isolées pourraient bien être seulement une mascarade de plus qui se grimerait en prise de conscience.
Jacques, de Vosges Nature Environnement, qui animait le débat nous avait signalé que grâce à une prise en charge par le conseil général, les places pour ce film étaient gratuites. Un peu plus tard pour montrer que le nucléaire est aussi polluant que le pétrole ou le charbon, il nous tendit une affiche demandant de signer la pétition contre l'enfouissement des déchets radioactifs de Bure.
Quel démon me souffla alors que certains membres du Conseil Général des Vosges qui avaient permis de voir ce film gratuitement viennent, sous leur casquette de sénateur, d'autoriser il y a quelques jours l'enfouissement de ces fameux déchets à Bure ?
Il suffit donc de voter l'achat de quelques centaines de places de cinéma pour se refaire une virginité. Ne me dites plus que tout est hors de prix.
Jacques, Vosges Nature Environnement, anima ce débat. Plusieurs personnes se demandaient comment elles pouvaient agir. C'est en citant une fois de plus le conte du Colibri qu'il a répondu.
Chacun apporte sa goutte d'eau, chacun fait en fonction de ses capacités.
Bien des points furent évoqués, le réchauffement, ses conséquences, les réfugiés climatiques.
Mais aussi la solidarité nécessaire, le partage, le retour à une plus grande convivialité, les monnaies locales, les producteurs agricoles bio...
Pour le moment ces sujets ne semblent pas être malheureusement les choix quotidiens de beaucoup de nos concitoyens.
"-Vous prêchez des convertis. " Nous avons entendu plusieurs fois cette réflexion.
Le Pakistan, le pays a plus de 1 000 habitants au Km ². A proportion la France aurait plus de 600 millions d'habitants. Sommes nous trop pauvres pour recevoir quelques milliers de réfugiés et les nourrir ?
Sommes nous trop couards pour ne voir dans l'autre qu'une menace et non une richesse ?
Sommes trop crédules pour croire les puissants quand ils nous font craindre, que nous allons perdre même ce que nous n'avons pas si nous restons debout ?
Pour Annick de la Transition d'ici de Les Voivres et Noël de la Transition de Xertigny, l'éducation à de nouveaux modes de vie et de penser est primordiale.
Annick espère en créant un Jardin Partagé et des bacs d'Incroyables Comestibles amener les adultes et les enfants à participer, à changer leurs habitudes alimentaires en consommant local et bio.
Tout comme Noël à Xertigny, elle reçoit des groupes d'enfants dans le cadre du Nouvel Aménagement Scolaire.
Toutes ses petites gouttes d'eau permettent aussi de renforcer la convivialité dans une communauté, d'amener les partages, les rencontres , les discussions qui au bout du compte vous font découvrir qu'il y a d'autres possibles que d'être l'esclave des adorateurs du Dieu Argent.
Que le seul avenir permis n'est pas de se perdre dans le rêve empoisonné d'une croissance exponentielle mais d'arriver à "La Sobriété Heureuse" de Pierre Rabhi.
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