Quand le Val de Vôge a décidé qu'il ne voulait pas mourir
3 Mars 2016
Ce serait bien si vous pouviez encourager chacun d'eux dans la création pour laquelle il est doué, photo, dessin, musique...
mais on peut aussi créer en faisant pousser des salades
sortir du moule si tu ne dessines pas cette porte de placard en pointe de diamant t'es nul si tu ne dis pas Magnolia avec l'accent de Tara t'es nul
pourquoi celui qui ne fait rien serait nul alors que l'on n'a pas su créer en lui le déclic
et puis regarder aimer ce que font les autres c'est aussi créer
pourquoi tant de fraîcheur et des zombies au collège
pourquoi des diplômes hyper spécialisés BEP funéraire pour remplir les papiers au funérarium
enculage de mouche
c'est la seule chose importante à leurs apprendre ils sont capables
Marre des laisser pour compte des 40 ans de petits boulots RSA
Mais je ne fais rien pour eux certains ont le déclic et les autres ne veulent qu'une chose crever en paix car ils n'ont plus d'espoir
mail envoyé à Evelyne reprenant avec son école de Chantereine le credo de Freinet
Ils sont capables
Lydia est arrivée avec son grand sourire mais là le maxi pour jour de fête.
Elle est heureuse, elle a eu le permis transport en commun avec une embauche à la clé.
La fin pour elle de 4 mois de stress.
Nous sommes contents pour elle. Le plus heureux est sans aucun doute Michel Houillon, le responsable du chantier d'insertion.
Pour lui, chaque sortie positive c'est un pari gagné, c'est un argument de poids en plus pour justifier le chantier d'insertion à Les Voivres.
C'est la preuve que tout comme les élèves rédigeant sous la direction de Mr Felberg "Les Cahiers de le Chanson des Cerises", tout comme ceux de l'école Chantereine, les salariés du chantier d'insertion sont capables d'apprendre, capables de se réinsérer et de dire :
Fuck la galère
J'aime bien échanger aussi avec vous sur de tels sujets.
Je réponds pourquoi? pourquoi? pourquoi? ;-)
On trouve des gens démotivés très jeunes. C'est désolant. Être blasé si tôt. Ne plus avoir envie de se battre. C'est clair qu'on peut aider mais pas faire à leur place.
Je pense que plus ils sont petits, plus ils ont envie et que c'est plus aisé pour nous, enseignants, de les motiver.
Les capacités qu'ils ont petits doivent pourtant rester toute leur vie. Ce système français est devenu trop compliqué. Quand je vois comment il faut se battre pour obtenir un prêt, pour obtenir le fameux imprimé A je ne sais plus cb qu'attendent Pauline et Romain, pour trouver un stage dans une entreprise, alors pour créer sa boutique... n'en parlons pas. Tout est devenu si compliqué. Administrativement, toutes ces galères pour obtenir un moindre papier, un petit renseignement. On en revient aussi à ce qui se passe dans nos villages, il faut faire min 20/25 kms maintenant dès qu'on a besoin. Aller en ville. Exemple : Poster/Recevoir un recommandé, il faut se déplacer, le facteur ne peut même plus nous arranger le coup!
J'ai encore la foi en ce que je fais. j'espère la garder encore qqs années.
Les jeux de récré. Ça dérive parfois. On ne sait pourquoi certaines années on a des gamins plus terribles que d'autres. Leurs jeux maintenant sont calqués sur des combats, identiques à leurs jeux vidéos.
Je pense aussi que les adultes qui se retrouvent paumés dans le système n'ont pas une influence positive sur leurs enfants. Ambiance morose dans leur tête
Après il y a aussi le laxisme, c'est confortable de rester sans rien faire... Là, ça m'ébranle, c'est pas ça la vie, c'est pas rester sur le canapé devant la télé à ne rien faire. C'est sûrement pas dans ce sens que j'ai éduqué mon ado, pas dans ce sens que je mène ma classe. Mais bon, que deviendront-ils l'un comme l'autre?
C'est tout des suppositions. Encore des questions...
Pas de véritable réponse.
C'est le bordel, ça je le sais et c'est pas bon pour la suite. Parfois, le soir, seule à mon bureau, je m'oblige à penser à des choses plus gaies. Heureusement que certains se battent et croient encore !
Commentaire d'Evelyne, institutrice à l'école Chantereine
Parce qu'elle aussi croit au potentiel de chacun de nous, elle est tombée dedans en découvrant Les Cahiers de la Chanson des Cerises.
Quel pays peut prétendre être assez riche pour mettre au rebut une part de sa population et pour sous utiliser les capacités de l'autre partie ?
Avec Michel Fournier, la commune de Les Voivres mise en premier sur la seule vraie richesse : les hommes.