Quand le Val de Vôge a décidé qu'il ne voulait pas mourir
1 Avril 2016
Gauthier pendant cette soirée où il a chanté Brassens déroula sa biographie tout en interprétant ses chansons selon leur chronolgie.
"Mauvaise réputation" qui faisait partie de son premier album fut donc celle qui ouvrit son récital et le ferma, car bien qu'épuisé après nous avoir offert 23 chansons, il accepta de la reprendre à la fin, cédant à nos demandes.
Elle valait bien çà, cette chanson pour ratrapper les années de censure à l'antenne qui lui tombèrent dessus à sa sortie en 1952.
Ce n'est pas cela qui allait aider notre chanteur à sortir de la galère où il était depuis presque 10 ans où il essayait de se faire un nom.
En mars 1944 il se libére sur sa propre décision du STO, on voit mal d'ailleurs ce qu'il pouvait bien faire dans l'usine de moteurs d'avion, BMW, où il travaillait. Enfin on connait au moins un prince des voleurs qui était ministre à Bercy. Il va se cacher chez sa tante de la police allemande et des Souris Grises "callipyge comme une Vénus Hottentote". Les années d'après guerre ne firent que de renforcer sa réputation d'anti-militariste, d'anarchiste, et d'anti clérical presque trop anar aux yeux des anars de profession. Les cons sont de tous les partis et lui donnent de l'allergie.
C'est finalement Patachou à laquelle il est présenté en 1952 qui va le lancer.
Georges Brassens-Entre la Rue Didot et la Rue de Vanves
Paroles/Lyrics : Voici ce qu'il advint jadis grosso modo Entre la rue Didot et la rue de Vanves, Dans les années quarante Où je débarquais de mon Languedoc, Entre la rue de Vanves et la rue Dido...
Cette chanson n'a pas été chantée par Gauthier. Entre Brassens et un uniforme, un abîme.
Anti-clérical... et pourtant c'est lui qui écrivit cette magnifique prière que Gauthier nous chanta aussitôt après "Mauvaise réputation"
La Prière - Georges Brassens (1965)
À l'émission "Douce France", le 4 janvier 1965. Un poème de Francis Jammes.
Ouais, bon c'est bien pratique les étiquettes. Si tous nos fervents croyants, toutes religions et bannières confondues faisaient autant preuve d'amour, il y aurait certainement moins d'ânes, de femmes, d'enfants battus, de Bataclan et de boutons pressées pour envoyer quelques bombinettes siglées Lagardère ou Dassault.
Gauthier nous laissa tous émus et continua, hasard ou pas par "La Légion d'honneur"
" La louche au valseur, pas de çà Lisette"
La Légion d'honneur, çà pardonne pas "
Tout le public était sous son charme. J'étais un peu surpris de voir beaucoup de jeunes reprendre les paroles de presque toutes les chansons avec lui.
Brassens pas mort, en fait moi-même après mon année de service militaire j''étais parti 3 semaines en Grèce avec mon frère et un de ses camarades d'école. Trois semaines à écouter plusieurs heures par jours les cassettes de Brassens sur le lecteur de la R5. A la fin nous connaissions par coeur "Les lavandières de Brive la Gaillarde ".
Il faudrait que je change mon titre. Si le chanteur n'est pas mort, Gautier ne peut le faire revivre.
En fait il n'interprétait pas Brassens. Tout y était, le ton la voix, l'humour qui ressortait sans cesse, la fronde sous-jacente. Mais il ne l'imitait pas.
Venu tard à la musique, depuis une douzaine d'années seulement, il n'a pas fait sa première guitare dans une boite de Banania à 5 ans. Il travaille ce récital depuis 2 ans.
Ce n'est pas de l'improvisation, il s'est totalement investi. Ensuite on a eu droit à :
"Chanson pour l'Auvergnat" puis "Honte à cette effrontée" et "Tant qu'il y a les Pyrénées".
Il a voulu avant de se produire avoir l'avis de son père qui a "une petite expérience artistique"
Feu vert. Le papa, est son premier supporter, pas le plus fervent, puisque nous le sommes tous. Il enregistra toute la prestation de cette soirée.
Deux ans de travail. Ce n'est pas une imitation, même si l'intonation y est. Gauthier est Brassens.
Trop tendu il n'a pas voulu goûter au repas :" A la fin, à la fin " mais même à ce moment il avait encore l'estomac noué.
Brassens lui-même, intimidé par le public a beaucoup hésité avant de se lancer sur scène.
Nous avons eu la chance de pouvoir savourer le repas et les chansons. En première partie, nous avons eu droit aux chèvres à l'ail des ours ou à l'échalote et à une purée de pois chiches, huile d'olives et je ne sais plus quoi.
C'était bon, c'est le principal. Pendant ce temps, le chanteur nous régalait avec "Le parapluie", difficile de reprendre le refrain avec le bouche pleine, "Je me suis fait tout petit" , "Pauvre Martin", tiens on vous la passe, c'est parti et "J'ai rendez-vous avec vous"
"Pauvre Martin, pauvre misère
Creuse la terre, creuse le temps."
Encore une de circonstance. C'est cool, chaque fois que je partage une chanson, les suivantes continuent de défiler ensuite sur You Tube. Cà va me faire un deuxième concert de plusieurs heures. C'est des fois intéressant de mettre du temps pour écrire un article.
Une tourte au Munster et aux pommes de terre fut ensuite servie avec une salade mélangée.
Gauthier, lui n'a pas soufflé longtemps. Après quelques minutes de pause il repris sa guitare et là il nous sortit le grand jeu, du délire, " Marinette", "Fernande" bon, on se la met aussi, mais il faudrait aussi repasser les autres archi connues qu'il joua ce soir.
"Le Gorille", "Les amoureux des bancs publics", "Le pornographe", "La claire fontaine"
Et quelques unes moins populaires.
Allez va pour la bandaison, c'est trop gouleyant. Tant qu'à faire un néologisme, çà vaut toutes les bravitudes, hein Ségo.
Ils ont quand même une belle veine tous ces nuiseux. Plus de Brassens, plus de Thierry le Luron, plus de Coluche pour leur secouer le cocotier.
ils doivent dormir sur leurs deux oreilles, eux qui ignorent que Brassens n'est pas mort.