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LES VOIVRES 88240

Quand le Val de Vôge a décidé qu'il ne voulait pas mourir

A nos amis belges

A tous nos amis que nous ne connaissons pas,

Qui eux aussi souffrent,

Qui eux aussi ont peur,

Qui eux aussi pleurent et disent non.

A nos amis belges
Le moulin
 
Le moulin tourne au fond du soir, très lentement,
Sur un ciel de tristesse et de mélancolie,
Il tourne et tourne, et sa voile, couleur de lie,
Est triste et faible et lourde et lasse, infiniment.
Depuis l’aube, ses bras, comme des bras de plainte,
Se sont tendus et sont tombés ; et les voici
Qui retombent encor, là-bas, dans l’air noirci
Et le silence entier de la nature éteinte.
Un jour souffrant d’hiver sur les hameaux s’endort,
Les nuages sont las de leurs voyages sombres,
Et le long des taillis qui ramassent leurs ombres,
Les ornières s’en vont vers un horizon mort.
Autour d’un vieil étang, quelques huttes de hêtre
Très misérablement sont assises en rond ;
Une lampe de cuivre éclaire leur plafond
Et glisse une lueur aux coins de leur fenêtre.
Et dans la plaine immense, au bord du flot dormeur,
Ces torpides maisons, sous le ciel bas, regardent,
Avec les yeux fendus de leurs vitres hagardes,
Le vieux moulin qui tourne et, las, qui tourne et meurt.
Emile Verhaeren, Les soirs

 

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S
Magnifique
Répondre
L
J'adore ce poète. Il faut aussi lire ceux qu'il a écrit après son mariage qui sont plein d'amour et de vie. Amitiés et courage