Quand le Val de Vôge a décidé qu'il ne voulait pas mourir
5 Mars 2016
Fabriquer des yourtes c’est une philosophie de vie selon Pierre-Olivier Lefèvre.
IL Y A TROIS ANS, Pierre-Olivier débarquait en terre inconnue aux Voivres, en plein cœur de la Vôge dans les Vosges avec l’envie d’y installer sa yourte et de développer une activité de fabricant de yourte « Made in Vosges ». Un peu par hasard, au fil des rencontres et après avoir téléphoné à une vingtaine de communes pour leur présenter son projet. « On avait rencontré des amis dont les parents gèrent le jardin de Berchigranges. Nous sommes venus au départ pour ramasser la sève de bouleau. Nous sommes tombés sous le charme du département et avons voulu développer notre activité ici », s’enthousiasme le jeune autoentrepreneur.
De retour d’un tour du monde de deux ans à travers une vingtaine de pays avec une escale remarquée en Mongolie, le charpentier de formation décide de se lancer dans l’aventure en compagnie de son épouse Aurélie, couturière. Très vite, l’activité prend place dans un bâtiment communal et se développe sous le nom de la société « Hêtre nomade ». « Il y avait de la demande dans le Grand Est, mais pas d’offres sur du clef en main. »
Aujourd’hui, après une dizaine de yourtes réalisées pour des campings mais aussi beaucoup de particuliers, un chiffre d’affaires amené à quelque 70.000 euros en 2015, et surtout après la naissance d’un enfant, le couple a envie de reprendre la yourte pour retourner près des leurs, dans le sud-ouest.
Mais avant de partir, l’un et l’autre veulent tout mettre en place pour transmettre le flambeau, entretenir ce qu’ils ont façonné, maintenir ce style et cette philosophie de vie qui leur est propre dans cette petite commune… et se disent prêts à céder leur entreprise à qui voudrait se laisser séduire par ses valeurs 100 % naturelles : « C’est un chemin de vie, une sensibilité que je cultive depuis tout gamin. Il est certain que c’est particulier. Il faut aimer le contact et être en symbiose avec la nature. Pour trouver un successeur, je vais notamment communiquer dans les réseaux alternatifs » , explique-t-il tout en montrant la yourte qu’il est en train de construire pour son après-Vosges.
Une yourte certes bien loin des habitats mongols, mais tout confort et vosgienne, c’est-à-dire adaptée à la dureté du climat, confectionnée avec des matériaux simples et légers : du hêtre pour la structure, de la toile déco avec isolant laine de mouton par-dessus. La toile extérieure est quant à elle en acrylique. Tout est sur mesure : « Le principe est que tout soit démontable pour ne pas perdre le côté nomade. Il faut compter en moyenne quatre mois pour construire une yourte d’habitation. Cela peut coûter entre 10.000 euros à 40.000 euros selon le type de yourte, cela dépend si elle fait 18 m² ou 70 m² habitables », renchérit Pierre-Olivier Lefèvre en bon passionné. Une passion qu’il espère transmettre à son successeur, puisque dans le prix de rachat de l’entreprise, fixé à 48.800 euros, il a déjà tout prévu : « C’est du all inclusive. Cela comprend quatre mois de formation, tout le matériel, ainsi que l’atelier d’une surface de 350 m² pour la partie bois et 70 m² pour la partie couture de toiles, mais aussi une place dans l’habitat groupé », aux côtés des trois autres yourtes déjà présentes sur le site et occupées depuis peu. « Ce qui est génial, c’est le projet humain. On a une démarche de simplicité volontaire. Les composantes humaines et sociales sont pour moi des richesses qui n’ont pas de prix », précise-t-il encore. Avant d’ajouter : « Les personnes intéressées par une entreprise uniquement rentable économiquement ne sont pas au bon endroit. »
Sébastien COLIN
Vosges Matin
Pierre-Olivier part en campagne pour chercher un repreneur. Il veut avant tout que ce soit un fabricant de yourtes.
Un oiseau rare, bon gestionnaire, bon compagnon constructeur, bon compagnon tout court.
Vous avez dit son clone ?
Il a créé les Yourtes made in Les Vosges. Pour lui le concept ne peut s'exporter. Il est possible de travailler le bois partout. Il ne pourra partir en emmenant avec lui l'esprit de Les Voivres, du groupe qui vit et travaille sur le site de la Guinguette.
Il veut donc trouver quelqu'un qui s'installera là pour continuer son oeuvre.
S'il ne se présente pas un deuxième Hêtre Nomade, il se résignera à répondre aux offres d'autres artisans ou laissera à la mairie le soin de le faire.
Il oublie de citer dans sa formule all inclusive trois choses :
-Un carnet d'adresses, un réseau à faire pâlir un ministre ou un nonce apostolique.
-Une couverture médiatique de la commune et de ses acteurs, des reportages réguliers à la télévision, à la radio, sur les journaux papiers et en ligne permettant à tous de se faire connaître.
Gratos !
-Une communauté d'hommes debout.
Lui-même et Aurélie se sont impliqués dans la vie du village. et ont contribué à son dynamisme.
Bon on arrête là. Parler de leur sourire, de la chaleur de leur accueil, de la bouffée d'oxygène qu'apportent chacune de leurs rencontres ne rendra pas l'idée de leur départ plus gaie.
Bientôt une invitation en bonne et due forme pour une journée yourte portes ouvertes.
Pierre Olivier a prévenu : "-Cà va être géant."
Le cochon est déjà en train de cirer ses sabots.