Quand le Val de Vôge a décidé qu'il ne voulait pas mourir
29 Juillet 2015
Le jardin de Fanny et Gilles, à l'heure où la plupart font grise mine, surprend par son exubérance.
Il est possible que l'eau du ruisseau qui le borde imprègne les berges et remonte par distillation jusqu'au racine des plantes. Le paillage de copeaux qui couvre les buttes où elles poussent permet aussi à l'humidité de se maintenir.
A l'heure où les autres jardiniers pleurent leurs légumes flétris et rabougris Gilles part récolter haricots et laitues.
PRIÈRE DU POÈTE
Je ne sais ni bêcher, ni herser, ni faucher,
Et je mange le pain que d’autres ont semé.
Mais tout ce que l’on peut moissonner de douceur,
Je l’ai semé, Seigneur.
Je ne sais ni dresser un mur de bonne pierre,
Ni couler une vitre où se prend la lumière.
Mais tout ce que l’on peut bâtir sur le bonheur,
Je l’ai bâti, Seigneur.
Je ne sais travailler ni la soie, ni la laine,
Ni tresser en panier le jonc de la fontaine.
Mais ce qu’on peut tisser pour habiller le cœur,
Je l’ai tissé, Seigneur.
Je ne sais ni jouer de vieux airs populaires,
Ni même retenir par cœur une prière.
Mais ce qu’on peut chanter pour se sentir meilleur,
Je l’ai chanté, Seigneur.
Ma vie s’est répandue en accords à vos pieds.
L’humble enfant que je fus est enfant demeuré,
Et le peu qu’un enfant donne dans sa candeur,
Je vous l’offre, Seigneur.
Maurice Carême