24 Janvier 2017
Ce matin une dame entre à la mairie. C'est la nièce de Mr Bernard Thiéblemont. De fil en aiguille elle parle de sa tante Thérèse et j'apprends qu'elle est la fille de Marie-Berthe.
Marie-Berthe, la talentueuse dessinatrice des cahiers de La Chanson des Cerises. Son doryphore, éclatant de lumière, son dahlia. Elle est malheureusement décédée il y a trois mois. J'ose penser que son souvenir restera vivace encore longtemps, grâce à ses dessins et ses écrits, tout comme le restera celui de tous ceux qui ont participé à cette belle aventure. Heureusement,ces petits chefs d'oeuvre ont pu ressortir des greniers où ils sombraient dans l'oubli avant que plus personne ne s'en souvienne.
Maintenant il semblerait qu'il ne soit plus possible de faire un pas sur la commune sans penser Freinet, sans rencontrer des gens qui appliquent sa pédagogie, quelquefois en n'ayant jamais entendu parler de lui ou de cette expérience que nos grands ainés ont menée à l'école de Les Voivres.
Essayant pour la deuxième année de mener avec Evelyne et sa classe de CP à l'école Chantereine, une démarche similaire qui mise sur la créativité des enfants, je pense pouvoir dire que çà marche pour le plus grand bonheur des élèves, de ceux qui les encadrent et des parents.
Tout n'est pas parfait, il y a des erreurs, des déceptions, des mouvements d'humeurs mais la classe vit, la classe écrit et lit, la classe crée.
Des ours, des mains oiseaux, poissons ou arbres, des fées, des lutins, des Iponos, des Tiny Houses et des papillons dans de grandes flaques de couleurs où ils mettent leurs rêves.
Misons donc sur eux, comme la Maisondici mise sur les enfants qui viennent là, comme la municipalité de Les Voivres et son maire misent sur les habitants de la commune. Tout les jours nous avons la preuve que ce pari est gagné.
Vendredi matin peu avant que nous parlions de Marie-Berthe, c'est France Trois qui venait rencontrer Michel Fournier pour mettre au point une série de reportages.
Samedi, c'est In Bô qui partagent sur leur page Facebook la vidéo sur la visite du chef de l'état à l'ENSTIB. Ils ont pu lui montrer leurs vélos et parler de leurs projets.
C'est La Maison qui Chemine annonçant sur ce même réseau social que Maryse Huguette sera bientôt terminée. Ils partiront mais ils ont pu, sur la commune et dans le Val de Vôge, rencontrer tout comme In Bô, des interlocuteurs qui ont crus en eux, en leur capacité et leurs ont permis de se lancer.
Croire aux hommes ce n'est pas de la méthode Coué. C'est tout simplement mettre à leurs disposition, un environnement, des moyens, des locaux qui leur permettront de faire leurs preuves et de réaliser leur rêves. Trop souvent la démarche inverse est de mise. Montrez moi ce que vous avez déjà fait, dites moi si vous êtes solvable, si vous avez des garanties bancaires et je verrai si je peux faire quelque chose pour vous.
A Les Voivres régulièrement quelqu'un demande à rencontrer Michel Fournier pour lui présenter son projet. Souvent la personne ne va pas plus loin et déclare forfait mais tous les candidats sont reçus et écoutés. Sur le nombre, régulièrement il en sort une pépite, celle qui justifie tous les efforts entrepris pour attirer des entrepreneurs : Corba, Doras, Hêtre Nomade, In Bô, la Maison qui Chemine font partie de ceux là.
On peut espérer que les prochains passages à la télévision du maire de Les Voivres feront connaître davantage la région et donneront l'envie à d'autres de s'y installer. En physique il existe un terme, l'entropie : fonction d'état notée S qui caractérise l'état de « désordre » d'un système.
Toute création d'ordre ne peux s'accompagner que d'une création de désordre plus grande.
Ainsi la formation de notre système solaire n'a pu se faire que parce que d'autres étoiles sont mortes et ont explosé en dispersant leurs éléments qui l'ont ensemencé.
Dans un département en perte de vitesse comme les Vosges et qui connaît depuis des années une baisse de sa population, le maintien de la vie dans une commune ne peut se faire qu'en donnant à des personnes de l'extérieur une bonne raison de s'installer chez vous plutôt qu'ailleurs. Être connu, avoir su se forger une identité sont déjà les conditions sine qua non pour établir des contacts. Il faut ensuite faire suffisamment confiance à la personne qui veut venir travailler dans votre région pour croire en son projet et lui donner la possibilité de le réaliser.
Si je ne me trompe pas tout cela ressemble fort à la philosophie de Freinet : croire en la créativité de chacun, en ses capacités. Quand on regarde le magnifique doryphore dessiné par Marie-Berthe et exécuté à la linogravure on ne peut douter qu'il avait raison.