18 Octobre 2016
Arc-en-ciel
Lorsque j'étais enfant, souvent après la pluie,
Tandis que la ramure égouttait tous ses pleurs,
L'arc-en-ciel paraissant sur la nue éblouie
M'émerveillait soudain par ses vives couleurs.
Ses deux extrémités avaient pied sur la terre
Et sa courbe brillait, du rouge au violet.
Pour moi, le météore était plein de mystère,
Je restais bouche bée, immobile et muet.
Mon Dieu, que c'était beau ! J'aurais voulu le dire
Mais j'étais sidéré par l'instant solennel
Et ma mère disait avec un doux sourire :
"C'est la Vierge qui lance un ruban dans le Ciel !"
Septante ans sont passés. J'ai perdu l'innocence,
On m'a tout enseigné sur la réfraction
Mais j'ai le souvenir du temps de mon enfance
Et garde, de maman, cette explication.
N'est elle pas semblable et tout aussi splendide
Que celle que les les Grecs, Maîtres prestigieux,
Donnaient de l'arc-en-ciel au siècle d'Euripide ?
"C'est l'écharpe d'Iris, messagère des Dieux !"
In Le Village Eternel
Emile Raguin