17 Août 2016
En Sourdine
C'est l'heure brune et grise où tout s'apaise.
Les arbres ont retenu le soleil,
Fissurant de noir son disque vermeil,
Qui lentement éteint toutes ses braises.
Le chant des oiseaux disparaît dans les
Fourrés fleuris perdant leurs falbalas,
A l'ombre des foulards tissés par la
Nuit. Le haut cri du jour est refoulé.
La faune vit, mais les sons agonisent,
La biche entame un ballet silencieux :
Un pas, une halte et un saut gracieux...
Plus rien ne s'entend, pas même la brise...
Déjà, la polaire comme un point d'or
Luit, la lune gibbeuse met son masque,
Les brumes trop lourdes traînent leurs frasques.
C'est l'heure brune et grise où tout s'endort
In Le Pavillon Mélancolique
Géraldine Munier
A défaut de retrouver le poème de Verlaine que je cherchais, j'ai partagé celui de Géraldine qui aurait très bien illustré l'article "Soirée d'Eté" d'Evelyne.
Il a été écrit il y a plusieurs années dans le style de Verlaine qui faisait partie du mouvement littéraire Les Parnassiens. Un aspect majeur du Parnasse est le culte du travail : le poète est un sculpteur ou même un laboureur qui transforme le langage en beau. Deux de ses vers sont devenus le symbole des messages adressés à la Résistance à l'occasion du débarquement.
« Les français parlent aux français. Veuillez écoutez tout d’abord quelques messages personnels :
« Les sanglots longs des violons de l’automne, je répète, les sanglots longs des violons de l’automne, blessent mon cœur d’une langueur monotone, je répète blessent mon cœur d’une langueur monotone»
De tous les messages publiés publiés par la BBC le jour du débarquement ce poème de Verlaine est celui dont tout le monde se souvient. il a été émis en deux fois. Début juin, le premier vers est cité sur les ondes « Les sanglots longs des violons de l’automne »… Les destinataires le savent, cela indique l’imminence de l’opération : le débarquement se déroulera dans la semaine à venir.
Le 5 juin 1944, à 21h 15, le vers tant attendu ," blessent mon coeur d'une langueur monotone " est enfin lancé après l’introduction musicale, des premières mesures de la 5ème symphonie de Beethoven, (qui en Morse est un « V » comme Victoire) Le débarquement est une question d’heures.
Pourquoi avoir choisi ce poème ? D'autres étaient aussi connus sinon plus.
Il faut croire qu'il y avait à Londres un amoureux de Verlaine. Il n'était pas le seul car les services allemands connaissaient eux aussi le poète et le sens du message.
Par chance l'opération "Fortidute" avait convaincu Hitler que ce débarquement n'était qu'un leurre.
Etrange destin pour un poème et un auteur aussi peu guerriers de se retrouver le symbole d'une des plus grandes opérations militaires que l'histoire a connue.
Question aux spécialistes :
Les esprits qui ont conçu Fortitude auraient ils choisi ce message justement parce qu'il n'avait rien de belliqueux ?
Chanson d'automne
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
In Poèmes Saturniens
Paul Verlaine