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LES VOIVRES 88240

Quand le Val de Vôge a décidé qu'il ne voulait pas mourir

Zones blanches

Squelettes de bisons en attente d'être broyés.

Squelettes de bisons en attente d'être broyés.

Au début du 19 ème siècle, on estime à 60 millions le nombre de bisons qui parcouraient l'Amérique du Nord.

C'est le mammifère terrestre, qui tout de suite après l'éléphant d'Afrique, est le plus lourd, le plus puissant. Un mâle peut peser une tonne, courir à plus de 50 km/h et sauter facilement une clôture de 2 m de haut qui retiendrait un boeuf

Seul l'âge qui l'empêchait de suivre les déplacements du troupeau et l'obligeait à rester isolé derrière ses congénères, permettait aux prédateurs, aux grand loups gris de la prairie de s'attaquer à lui.

Même dans ce cas, comme le raconte Georges Blond dans son livre "Belles Histoires de Bêtes" s'il pouvait s'adosser à un rocher, il réussissait à leur tenir tête pendant des jours, à moitié dévoré, mais encore vivant et toujours luttant.

Son étonnante résistance le faisait ainsi souffrir plus longtemps.

Au 19 ème siècle, le plus grand des prédateurs l'homme blanc, a commencé à fabriquer des fusils modernes utilisant des balles qui permettaient de tuer facilement ces mastodontes.

Et le grand massacre commença pour toutes sortes de bonnes raisons. Pour avoir leur viande, leur peaux, pour affamer les indiens mais surtout parce qu'ils gênaient, parce qu'ils dérangeaient tous ceux qui voulaient s'enrichir rapidement.

Les constructeurs de chemins de fer avec les banquiers derrière eux, les fermiers , les éleveurs ...

Le travail fut si bien mené qu'à la fin du siècle, quand on décida enfin de les préserver il n'en restait qu'un peu plus de 500.

Pendant des années après leur disparition quasi totale, les millions de carcasses pourrissant partout dans la prairie avaient laissé des tonnes d'ossements qui partaient par trains complets pour être transformés en engrais ou en noir de fumée.

Pendant la grande Dépression, les descendants des fermiers qui s'étaient installés sur les terres que pâturaient les bisons furent ruinés par l'érosion éolienne ravageant leur cultures. Leurs champs saisis par ces mêmes banquiers qui,les ayant auparavant encouragés à labourer la prairie, s'étaient enrichis en leurs accordant des prêts et avec le massacre de ces millions de bêtes, durent partir vers d'autres mirages.

 " Merci ! "

" Merci ! "

Ya pu de saisons, ya pu d'hiver, ce n'est pas pourtant çà qui empêchera nos campagnes d'être toutes blanches.

Non nous ne ferons pas pour y arriver exploser notre bilan carbone, nous n'allons pas copier certaine station réputée  des Alpes et faire venir la neige par hélicoptère afin de couvrir nos sillons d'un blanc manteau. Pas de blème Ségo, on assume. Nous allons simplement exécuter à la lettre les voeux 2016 à Les Voivres de Mr le sénateur Jackie Pierre qui au cours de ceux ci nous a enjoint benoitement et à plusieurs reprises de nous plier aux décisions prises par nos bons maît' et de les approuver.

Donc approuvons, inclinons nous, le front dans la poussière. Réjouissons nous de la fermeture annoncée des bureaux d'accueil dans les préfectures.

Applaudissons à celle de la maternité de Remiremont qui sera certainement suivie par celle de l'hôpital tout entier. Ce serait grand dommage que Mr Heinrich ne puisse pas remplir le sien bien plus beau, plus cher, plus neuf  et bien moins zone rurale.

Et maintenant tous en choeurs:

"- Hip, hip, hip, hourra pour une autre fermeture, encore une fois programmée et qui avance d'un bon pas, celle des trésoreries locales."

N'écoutons pas Michel Fournier qui tempête car selon lui, on va nous demander de faire toutes ces démarches administratives par Internet alors qu'on n'a pas de réseau.

Laissons le râler.

Au fait, si nous aurons un bilan carbone positif pour  que nos communes soient plus blanches que blanches, ce sera parce que en bons ruraux responsables, citoyens, bio et locaux, ce n'est pas de la neige transportée par la voie des airs que nous utiliserons dans nos campagnes.

Ce sera  nos ossements que nous épandrons. Je vous le disais. Ce sera gratuit et écolo.

En plus cela fera bien plaisir à nos dirigeants qui depuis la grande guerre de 14-18 s'efforcent d'arriver à ce résultat.

Ils semblerait que pour ce faire, ils aient enfin réussi à trouver l'arme imparable, le dernier né des gaz létaux qui en plus est tout à fait légal.

Nous asphyxier.

Entre les mauvaises nouvelles d'Actu88 et celles de Voges Matin ou de Vosges Télévision, même les irréductibles vosgiens seront pour une fois réduits.

Pour de la belle ouvrage, c'est de la belle ouvrage.

Nous sommes ravis d'apprendre que la Meuse est dans son domaine plus mal lotie que nous.

Merci, Mr l'administrateur général des finances publiques. Nous ne donnons pas votre nom, nous craignons que des personnes qui goûtent moins que nous la plaisanterie, vous gardent quelques rancoeurs. On commence de comprendre le choix de la majorité des électeurs meusiens aux dernières régionales.

Estimons nous heureux d'être seulement morts quand vos voisins sentent la charogne.

C'est là ce qui fait toute la différence entre un énarque, un technocrate, main sur la couture du pantalon et nous, balourds de ruraux :

- le tact, la diplomatie, la pommade dans le dos et surtout l'empathie.

Enfin celle dont ils n'usent pas. C'est normal, comment pourraient ils autrement accomplir leur noble mission de fossoyeurs, épargner les deniers publics pour éviter qu'ils ne sortent des poches de nos bons maît' ?

Une Charogne

 

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !

Charles Baudelaire

In Les Fleurs du Mal

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N
- Pour ce qui est des bisons, on va achever le massacre avec le plus rusé d'entre eux : "Bison futé".<br /> http://www.lepoint.fr/automobile/bison-fute-sera-scalpe-le-1er-mai-21-01-2016-2011641_646.php<br /> - En matière de langue de bois et si la situation n'était pas si grave, une phrase telle que celle de ce haut fonctionnaire : « On ne peut pas exclure qu’il y ait d’autres fermetures. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’on en n’ouvrira pas d’autres. ». pourrait prêter à sourire. Les mots qui se terminent en 'ion" finissent? aussi? par être dangereux : réorganisation, restructuration (souvent synonyme de chômage), contraction (du cadre), optimisation (des moyens), dématérialisation (pas facile pour les tempes argentées), etc. Il va falloir pourtant s’en imprégner, mais j'oubliais, il y aussi RÉVOLUTION.<br /> Tout cela sent mauvais... comme le poème.
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L
Louis :" -C'est une révolte ,<br /> - Non sire c'est la révolution."
E
"C'n'est pas gai tout ça! " me suis-je dit en lisant ce billet.<br /> Cette situation est alarmante. Que d'actes gâchés ! <br /> J'oubliais, on n'est pas au pays des Bisounours... :-(
Répondre
B
Fermer la maternité de l'hôpital de Remiremont c'est aberrant, ceux qui prennent cette décision sont dans l'égarement total. Il faut savoir que cet établissement draine les familles du bassin de Remiremont, aussi celles des vallées de la Moselotte et de la Moselle, de la Haute Saône, proche de Remeiremont, également. Dans son édito, Monsieur le Maire estime a plus de six cents naissances annuelles. Fermer cette maternité serait un gâchis.
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L
C'est ce que tout le monde disait dans le reportage de Vosges Télévision. je remet le lien. Je vous avez dit que l'article sur l'almanach et la grande guerre avait une suite aujourd'hui.